Love me tant d'heures

franzzzz

La semaine tout est tellement matinal
Qu'on a l'impression qu'on se leve à l'Est.
Tout est rituel, machinal on en oublie jamais
les valises sous les yeux, des traces inimaginables
tout c'que la vie te laisse
quand dehors le soleil dévoile
des camaïeux oranges et des violets
qui donnent l'envie d'passer sa vie en l'air.

Finalement le monde ne va pas si mal ;
jusqu'à ce que les portes de l'usine enlèvent les petits sourires aux lèvres au rythme où ses machines parlent,
Crient, beuglent. Encore une journée à gravir l'Everest
parmi des jeunes qu'on remplace alors que les vieux restent
en attendant de vivre leurs derniers vieux rêves.

Le commerce est une entreprise violente
qui nous permet de vivre au rang de marchandises.
Malgré ce que les marchands disent, on est des valets dévolus à des voleurs, a des valeurs dévaluées à des volumes et des envies d'évoluer.
On va, on vient, on veut lâcher des volutes de "vapote" manger des sandwichs avaler, pause.
on y va, on y vient, on en veut, recracher des vapeurs,
on a des choses à évacuer tout au fond d'la cuvette,
des problèmes vasculaires quand on monte a l'escalier,
saluer des petits chefs émasculés, encore polis
changer d'équipe et basculer vers  le corporate.

Vidé, léger à peine plus que l'air
il faut rentrer chez soi comme un squelette.
Tandis que la tâche ne nous laisse que l'os
on se satisfait d'un travail bien fait comme le dit le boss.

Dans la voiture veille et vibre un souvenir près du volant : 
Elvis,  comme la vue de la vie qu'on aurait voulu.
Changer d'air comme ces oies qui volent en V,
c'est une question de volonté,
mais on préfère se mettre une espèce de voile honteux
sur ce qui fait nos murs.

Love me Tant d'heures ;

Un motif de papier peint à frise de merde,
qui nous evite les prises de têtes, les crises de nerfs.
Une photo sur une commode qui nous rappelle la brise de mer. Des sourires joyeux mais un peu tristes, même que c'est comme ça,
les idées de juilletistes en mai  finissent toujours dans un cadre gris en fait.
En novembre tous nos cris s'emmêlent aux parfums de nos chrysanthèmes mais on poursuit quand même.

 Le soir on s'assied, chacun l'nez dans son assiette,
on s'passe pas l'sel, seul dans sa salière en acier,
on ne s'parle pas d'ciel, on s'contente de ressasser
de se rassasier jusqu'à satiété parce que la misère d'un salaire de trois sesterces en famille ça sait se taire.

On s'obstine on fait l'père, mais en vérité on fait peine car on l'a appris : ON SAIT PERDRE et la fierté tue à petits feux.
On s'évertue même si On s'est perdu et quand les jugements sévères fusent, on chérit l'oubli et ses vertus

Et puis on chante un air d'opéra sous la douche
comme si on avait été opéré de 'la bouche,
Avec le cœur, on se risque à fredonner Elvis,
Love me tant d'heures, love me sweet. Never let me go.

Enfin on attend qu'tout l'monde soit endormi et puis on prend une bière au frigo.
Finalement le monde ne va pas si mal...
Et après une nuit sans sommeil, le réveil sonne,
encore un matin où l'soleil n'y sera pour personne.

Love me Tant d'heures love me sweet. Never let me go.
You have made my life complete and I love you so
Love me tant d'heures love me true all my dreams fullfilled
For my darling I love you and I always will.

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