Lumières

Afin d'apporter une réponse aux problèmes d'éclairage si dispendieux, j'ai retrouvé un article datant de plus d'un siècle, relatant une véritable expérience réussie, que le temps du gaspillage énergétique a rangé dans les oubliettes, mais qui pourrait retrouver un avenir durable.

    Certains l'avaient traité d'illuminé, s'interrogeant sur la nature du produit lumineux vivant que l'éclairé docteur Dubois avait baptisé provisoirement « luciférine» sensé remplacer nos ampoules actuelles. 
     La préparation d'une telle lampe, en elle-même fort simple, reste malgré tout assez difficile aux personnes étrangères aux pratiques des laboratoires.
    On commence par faire fondre ensemble au bain-marie, dans un vase de verre ou de porcelaine contenant un litre d'eau, les matières suivantes: 5 grammes de peptone pure en poudre, 30 grammes de sel marin, et 100 grammes de gélatine incolore, tout en rendant ce bouillon neutre ou légèrement alcalin, en y ajoutant quelques gouttes d'une solution de carbonate de soude en cristaux.
     Filtrez à la chausse et versez un verre à liqueur de ce bouillon dans une carafe en verre épais que l'on bouche avec un tampon d'ouate.
     Chauffez cette carafe à la vapeur dans une marmite pendant un quart d'heure à trois reprises, et ce à trois heures de distance.
     Auparavant on aura laissé dans une pièce fraîche une lamproie qui doit l'être aussi, car souvent le poisson de mer devient phosphorescent environ deux jours après sa mort, et alors, au bout d'une baguette de verre, flambée à la lampe à alcool, puis refroidie à l'eau pure, tenue la pointe en bas, prélevez un lambeau de la partie la plus lumineuse de la peau du poisson.

     Faites tourner la carafe sans la déboucher sous un jet d'eau froide de façon à étendre sur ses parois le bouillon gélatineux. Au moment ou celui ci va commencer à se solidifier (il  ne faut pas que la température dépasse +40°C), soulevez avec précaution le bouchon d'ouate et introduisez la parcelle de substance lumineuse dans le bouillon encore liquide.

     Rebouchez avec soin pour éviter l'entrée des poussières et continuez à tourner la carafe jusqu'à ce que la future lampe adhère à la paroi. Laissez reposer dans un endroit obscur et frais. Au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures, si l'on n'y a pas emprisonné trop de mauvais microbes, la carafe s'éclaire.
      En ensemençant une seconde carafe avec une fraction lumineuse de la première, on obtient des éléments photogènes encore mieux isolés, et par conséquent une lampe plus brillante et capable de fonctionner durant huit à quinze jours.

Cet éclairage dans ce cas bio, aux différents effets, pourra personnaliser aussi chaque lieu :

pour un effet multicolore : optez pour la truite arc-en-ciel

pour une forte luminosité : choisissez la vive.

Pour l'intime préférez l'omble

Pour l'église le Saint Pierre

Pour les abribus, on prendra la raie.

Pour les garages du turbot. 

Pour la cheminée des sandres.

Pour les salles de musique  des thons.

Pour les cabanes du rondin.

Pour le coiffeur du merlan.

Pour les casernes  du grenadier.

Pour les stades des perches.

Pour les trains des gardons.

Pour les maisons closes : le rouget sera préféré à l'extérieur alors qu'à l'intérieur le maquereau et la morue régneront.