Ma cousine.

Christophe Hulé

Un cousin ni trop proche, ni trop éloigné, s'est permis de me donner un conseil : changer de métier.

Étant déjà revêche et imperméable au premier cercle familial, que j'ai quitté il y a longtemps, j'ai envoyé valser le cousin. Métaphoriquement bien sûr, attendu que je garde toujours un œil lubrique sur sa sœur.

J'en suis amoureux depuis mes premières culottes courtes, et peut-être même avant, bien que certains diront que ça ne compte pas.

Les cousinades c'est permis, le cousinage est toléré jusqu'à un certain point.

Ma cousine a pas trop changé, pas de coussinets ou autres bourrelets, des formes, mais pas trop, là où il faut.

Elle s'est mariée avec un crétin, aucun charme, aucune conversation, de ceux qui font qu'on change de trottoir.

Comme elle habite pas loin, je fais valoir l'esprit familial. Elle n'est pas dupe et se prête volontiers au jeu, en fausse ingénue qu'elle est.

L'autre a des horaires à rallonge, moi je suis rentier, on fait des virées en décapotable. Enfin, j'enlève la capote à la sortie du village, tous ces ploucs seraient bien trop contents d'occuper leurs journées avec quelques intrigues.

Autant de maîtres chanteurs que d'habitants, je n'inclue pas les gosses et les bébés, mais ils sont en devenir.

Je sais bien que le curé essaie de faire cracher le morceau à ma cousine. On se marre en violant le secret de la confession.

On fait des pique-nique dans les champs ou au bord de la rivière.

Je l'emmène souvent en ville et la couvre de cadeaux.

Bon je dois les garder chez moi, car le crétin commence (enfin) à se méfier.

Je serai à jamais amoureux d'elle, jusqu'à un certain point.

Il arrivera un stade où elle pourra se consoler avec son crétin.

Ne cherchez pas la morale, y en a aucune justement.

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