Ma nièce

Samedi prochain j'inviterai ma nièce à faire une galette des rois à la maison, mettre les mains dans la farine c'est tellement agréable! Une galette à la frangipane ou au chocolat comme elle aime. Comme ça on papotera un peu en attendant que ça cuise, on parlera du bouquin qu'ils étudient en français: "Le voyageur sans bagages" de Jean Anouilh. Et puis elle dormira peut-être à la maison. On cachera deux fèves dans la galette, une pour son frère qui est plus jeune et une autre pour l'heureux inconnu. Ce sera un bel après-midi pour tout le monde, pour ma mère qui a toujours froid, pour ma soeur et moi. On écoutera de la musique, celle qu'elle aime et celle que j'aime, on partagera nos goûts, nos préférences. Ding! Quand la galette sera prête, elle la sortira elle-même du four à la porte un peu biscornue, déglinguée, on la fait tenir avec des bouts de scotch, en attendant d'acheter un autre four. Chez nous c'est système D, avec le bon sens de ma mère, l'âme de la maison, je dis chez nous même si j'ai un chez moi à part, besoin de vivre seule la plupart du temps avec mes habitudes, mon indépendance. Mes "habitudes", rompre avec certaines d'entre elles, lire davantage, faire ce qu'il y a à faire, arrêter de faire traîner les choses.

Se réunir autour de la table et contempler la galette chaude d'un oeil gourmand, l'eau à la bouche. La laisser refroidir un peu, la savourer ou la dévorer avec un thé ou un jus de pomme, en garder une part pour les absents, mon neveu qui sera au foot. Retenir les dernières heures de l'après-midi, pour que le soir n'arrive pas, qu'il reste bloqué comme des voitures dans la neige qui va bientôt tomber en plaine. Faire une partie de chevaux, de jeu de l'oie, s'aérer la tête, ne penser à rien, que le samedi devienne le jour préféré de ma nièce. Un jour je l'inviterai à faire des loisirs créatifs, que je lui file le goût de la création un peu, beaucoup, passionnément...