Ma vie (2)
arthur-roubignolle
Ma vie (2)
(Un feuilleton autobiographique en quinze épisodes et dix volumes...)
Mazette! Le temps passe et il faut que je me dépêche d'écrire cette autobiographie avant de disparaître sans que personne ne sache qui j'étais réellement ! Ce qui serait dommage car je valais quand même le coup d'être connu. (Et je dis ça surtout pour tous les cons qui m'ont ignorés superbement alors que j'étais vivant). Mais bon, n'anticipons pas, je suis toujours là, j'ai une fâcheuse tendance à aller plus vite que la musique et à toujours anticiper les choses moi, je me vois souvent déjà mort, mais c'est normal, je suis un homme d'avenir, je suis peu porté sur le passé, et le présent ne m'intéresse pas non plus car il change de secondes en secondes... Hélas, par la force des choses je ne peux pas encore vous raconter mon avenir, vu qu'il n'est pas encore arrivé, et comme tous les pauvres humains de ce bas monde qui ont fait leur autobiographie avant moi, je dois raconter mon passé à défaut d'autre chose... Et comme disait je ne sais plus qui: « Le passé c'est du futur en boite ! »...
A l'épisode 1, j'en étais resté à mon Père, et plus précisément à ses gonades, dans lesquelles j'étais, juste avant de connaître ma Mère. Étais-je heureux dans les couilles de mon père ? A vrai dire, je ne m'en souviens guère, je me souviens juste avoir été secoué et ballotté de droite à gauche, de haut en bas parfois. Heureusement que je n'avais pas le mal de mère, de mer pardon... Mon père était un instable, il fallait qu'il bouge tout le temps, ce qui était pénible à la longue. Et d'ailleurs, avec mes petits camarades spermatozoïdes nous en parlions souvent : « Ne peut-il arrêter de bouger sans cesse, c'est inconfortable ! ». Heureusement, nous organisions le soir des veillées calmes autour d'un feu de bois. C'étaient des fêtes intimes où en compagnie de mes 600 millions de camarades nous dansions et chantions autour de l'âtre en plein air. Une de nos chanson préférée était « Ovaires The Rainbow ». Je connus là ma première idylle, une jeune spermatozoïde aux yeux bleus et à la queue frétillante. Mais devant mon admiration impossible à dissimuler, elle me dit : « Allons, voyons Arthur, n'y pense pas, tu sais bien qu'entre spermatozoïdes on ne peut pas se marier, il faut attendre la Grande Expulsion !
La Grande Expulsion ? Qu'est-ce que c'est ça ? Demandai-je naïvement. Ma compagne, beaucoup plus délurée me dit : « C'est le moment ou, devenus trop nombreux, notre Père qui est aux cieux (qu'il soit bénit!) doit se débarrasser de nous, sinon ça lui remonterait à la gorge et il pourrait en mourir étouffé !
Berk, c'est dégueulasse ce que tu dis, je ne te crois pas, tout ça c'est des racontars, et puis moi je suis bien là, même si on est secoués, je suis au chaud, je veux pas qu'on m'expulse, et pour aller où d'ailleurs ? Je ne connais personne à l'extérieur, tous mes potes sont ici, en plus j'ai paumé mon passeport...
- « Tu ne peux pas échapper à ça, mais pour te consoler, je vais te dire un secret, la récompense de la Grande Expulsion c'est le Paradis, l'Amour, la rencontre avec l'Autre, la Mère, The Mother of Invention, la Pacha Mama, la Déesse-mère, Aphrodite, la Mater Dolorosa, la Shakti universelle, puis ensuite, après la fusion avec la Mère c'est la merveilleuse division cellulaire, la promesse de la vie, et quelque-part celle de l'Éternité, même si elle est provisoire et que c'est quand même différer une fin inéluctable, car sache, jeune padawan, que la vie au moment même où elle surgit donne aussi naissance à la mort ! »
J'étais fasciné par ce que disait ma petite spermato, elle causait drôlement bien. Mais soudain, il y eut un grand tremblement de terre, les parois des bourses furent secouées dans tous les sens, et un tourbillon insensé m'entraîna inexorablement dehors. Je hurlai : « Non, je ne veux pas sortir ! ». Je me raccrochais de toutes mes forces à la paroi. Ma compagne faillit être emportée elle aussi par ce maelstrom, mais elle saisit ma queue et la tint fermement. Je m'accrochais avec l'énergie du désespoir, et aussi soudainement que c' était arrivé, le calme revint...
- C'était quoi ce truc, demandai-je à ma petite compagne qui était en train de se recoiffer après cette tempête...
- Ça ? C'était notre père, un vrai branleur celui-là, on a bien faillit y passer tous les deux, mais heureusement, tu m'as sauvée. Regardes autour de toi, nos millions de camarades sont partis par le Grand Tuyau Tout Dur, à jamais perdus dans un kleenex, ou pire, sur la moquette du salon...
- Ce n'était donc pas la Grande Évacuation ?
- Si, mais celle-ci ne mène qu'à la mort, c'est un véritable génocide, génocide provoqué par notre égoïste de père qui ne se soucie que de son propre plaisir sans penser à nous, pauvres spermatos, innocents de toutes ses turpitudes. Heureusement, je sais reconnaître les signes qui indiquent la Véritable Grande Évacuation, celle qui fait passer d'un univers à l'autre. Je t'indiquerai quand ça sera le moment, tu me tiendra par la flagelle et nous ferons le voyage ensemble, tu veux bien ?
- Ému, je balbutiai un oui et voulu déposer un baiser malhabile sur son front, elle détourna la tête pudiquement et dis : « Pas de ça entre nous c'est interdit tu le sais bien ! »
La fuite au prochain numéro...
PS : ce qu'il ne faut pas écrire comme conneries pour vous distraire, c'est épuisant, vivement la mort !
Un, rassure-toi, elle viendra bientôt.
· Il y a plus de 5 ans ·Deux, je ne pense pas que les dix volumes suffiront.
Trois, à part aller dans les bois, les curés le disaient, pas de plaisir dans l’onanisme ! Où tu seras un sourd mon fils. Du sexe tu feras, sans plaisir, seulement pour procréer et toc ! Approche mon enfant, je vais t’expliquer :o))
Hervé Lénervé
Comme j'étais un branleur, j'ai refusé de faire mon catéchisme, instinctivement je me méfiais des curés, pas catholiques je les sentais...
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle
Le cauchemar d'un spermatozoïde c'est que sa dernière vision soit une paire d'amygdales ! :o) Excellent texte, extrêmement distrayant.
· Il y a plus de 5 ans ·daniel-m
Merci Daniel, c'est quand même le but alors si ça marche j'en suis content
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle
J'ai tellement aimé que j'attends la suite avec impatience.
· Il y a plus de 5 ans ·Lady Etaine Eire
Merci Etaine, vais essayer e faire une suite digne alors...
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle
Il y a un côté écho de la bourse indéniable avec une touche de Woody Alien.(il a un cousin connu dans le milieu)
· Il y a plus de 5 ans ·yl5
Mes bourses sont en hausse en ce moment (et c'est bizarre d'ailleurs parce qu'elles ne sont pas en action!)
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle
génial de rires.,
· Il y a plus de 5 ans ·mada
:)
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle