Magie noire et conséquences -- Chapitre 1: Nouveau départ.

sarahlambert2030

"Nous devons y aller". C'est sur les mots de ma mère que je quittais, avec tristesse la chambre dans laquelle j'avais dormi pendant plus de dix ans, sûre et certaine que notre vie dans notre nouvelle maison ne serait pas du tout la même, il y aurait un vide, inévitablement.

- J'arrive ! je m'écriais d'une voix monotone depuis la pièce de mon enfance.
Je descendis les escaliers d'un pas lourd et lent, observant tout autour de moi pour tenter de graver le moindre détail dans ma mémoire. Je continuais mon chemin jusqu'à la voiture lorsque la voisine était tournée vers moi, dans ses yeux une lueur de mépris. D'ailleurs, beaucoup de gens nous observaient partir, mais n'osaient pas me regarder dans les yeux.
La raison de notre déménagement est très simple et aussi très étrange. Il y a 6 mois, ma sœur jumelle Amanda et moi avions trouvé une vieille poupée dans le grenier, posée sur une malle, alors que nos parents étaient dans le jardin à parler avec des amis invités pour notre seizième anniversaire. Nous avions remarqué ce vieux coffre en bois sur lequel était gravé de mystérieux symboles depuis qu'on étaient petites, mais jamais on ne s'y étaient intéressées. Après quelques recherches, on a appris que ces symboles étaient de nature ésotérique, et, plus particulièrement issus de la magie noire.
Amanda était née après moi, mais elle avait toujours été la plus courageuse, la plus téméraire de nous deux. J'ai toujours été la petite réservée, seule dans son coin, dans son monde, dans ses rêves, moins populaire que ma sœur. A l'école, j'étais seule alors qu'Amanda attirait tous les regards et la sympatie des profs comme des élèves. Et moi, je l'enviais, j'étais jalouse, mais aussi admirative. J'aurais tant voulu être comme elle.
Nous avions décidé de sortir le coffre du grenier pour l'emmener dans notre chambre et l'ouvrir. Dedans se trouvait un vieux grimoire, des bougies de toutes les couleurs, des plumes, diverses encres.
- Tu crois que la magie noire existe vraiment ? demandais-je à ma sœur.
- C'est quelque chose qui a l'air d'avoir toujours existé dans les vieilles histoires. Je pense que oui. Et toi ? me répondais Amanda en me regardant.
- Oui, moi aussi. Mais je ne me risquerais pas à lire ce grimoire. Les signes qu'il y a dessus sont les mêmes que sur le coffre. Si il s'agit vraiment de magie noire, autant pas tenter le diable.
-Bon jeu de mot, Sophia, mais on ne risque rien à regarder vite fait avant de ranger tout ça, non ?
J'hésitais à lui dire que ça me fait peur. Mais son regard était si excité par la découverte de ce livre que je ne répondis pas.
- Ça explique comment faire une poupée vaudou, c'est génial, dit Amanda.
- Bof quoi, tu veux faire du mal aux gens ?
- Oh allez Sophia, sois pas si coincée ! Et si ça se trouve ça va pas marcher !
Dans ma tête je voulais avoir l'air d'être aussi cool qu'elle, alors j'acceptais d'en faire une.
Ça a commencé avec une poupée vaudou, puis elle a voulu essayer d'appeler les esprits. Pour le coup, j'avais vraiment peur, surtout quand les bougies qui étaient de chaque côté de la planche ouija commencèrent à léviter, puis à s'élever au-dessus de nos têtes jusqu'à ce qu'elles tournent très vite autour de nous. J'étais paralysée par la peur. Amanda en riait à moitié. Je ne voyais pas ce qui était drôle. Les bougies cessèrent de bouger et tombèrent par terre, éteintes. Il faisait complètement noir quand Amanda se mit à crier "Quelque chose m'a touchée ! Quelque chose m'a touchée !". Je me précipitais alors à tâtons vers l'interrupteur et allumais la lumière. Je regardais ma sœur qui avait enfoui son visage dans ses mains. Elle semblait pleurer mais aussi rire. Dans tous les cas, j'étais inquiète, j'avais peur que quelque chose de grave ne se passe. J'ignorais quoi, mais mon instinct me disait de rester prudente.
Je m'agenouillais près d'Amanda, et mis ma main sur son épaule. Elle était glacée.
- Hé, tu vas bien ?
Elle leva la tête très lentement, les yeux fermés et fit oui de la tête.
- On devrait plus jamais faire ça. Je pense que tu es d'accord.
- Oui, répondit-elle d'une voix étrangement rauque.
Je ramassais la planche et les bougies et rangeais tout ça dans le coffre. Je me retournais vers le centre de la pièce. Amanda se regardait dans le miroir, les yeux dans le vide. On n'a plus parlé de ça pendant plus d'une semaine. Une nuit alors que je me levais pour aller boire un verre d'eau, je constatais qu'Amanda n'était plus couchée. Je me dirigeais vers la cuisine quand j'entendis rire au-dessus de ma tête. Un rire effrayant. Je bus mon verre et décidais d'aller voir qui riais, dans le grenier. Je frappais à la porte, mais il n'y avait plus aucun bruit. J'entrouvris la porte et entendis quelqu'un parler puis Amanda répondre.
- Tu le feras, j'en ai besoin pour régner en ce monde, disait la voix glaciale et terrifiante.
-Non, c'est de la folie, répondait-elle. Je refuse de le faire.
- Bien, ta sœur et tes parents seront sur la liste si je m'en occupe.
- Ne faites pas ça, pitié ! Je... Je vais le faire.
- Bien. Quand tout sera fait, tu deviendras mienne et nous règnerons ensemble ! Qu'en dis-tu ?
- Je pense que c'est une excellente idée, Maître.
- Ah les humaines, que vous êtes belles et stupides. Si nous pouvions vivre sans vous, mais la vie arrive avec vous... Dommage...
Je n'entendis plus rien pendant un moment, puis la voix dit:
- Retourne te coucher, si quelqu'un voit que tu ne dors pas...
- J'y vais.
Amanda s'approcha de la porte tandis que je partais me recoucher, horrifiée par les mots prononcés que j'avais entendus. Je fermais les yeux au moment même où Amanda rentrait dans la chambre en chantonnant. Une fois couchée, elle eut un petit rire qui ne lui ressemblait pas et dit à voix basse:
- Souffrez, par Satan, périssez de ma main et de la sienne.
Puis elle se mit à ronfler. Je ne réussis pas à me rendormir et au petit matin, je prenais mon petit-déjeuner quand mes parents arrivèrent:
- Tu as bien dormi ?
- Euh.. oui et vous ?
- Je n'ai jamais aussi bien dormi. Où est ta sœur ?
- Elle dort encore.
-Tu me sembles bien matinale, dit mon père.
- J'avais faim, répondais-je, peu sûre de ma réponse.
Vingt minutes plus tard, Amanda apparut. Son visage m'effrayais. Elle était pâle comme un mort et ses yeux semblaient plus noirs que d'ordinaire, sa démarche semblait pénible et ses gestes durs à effectuer. Mes parents la regardèrent sans comprendre.
- Bien dormi, chérie ?
Amanda regarda ma mère et ne répondit pas. Ma mère tourna le regard vers moi en haussant un sourcil. Je la regardais sans savoir comment expliquer ça. Même si j'avais ma petite idée et que je me devais d'essayer d'arranger ça.
- Chérie, ça ne va pas ? demanda mon père.
Elle le regarda pendant un moment puis s'en va.
- Euh... Sophia, qu'est-ce qu'elle a ? demanda mon père.
- Je ne sais pas, disais-je.
Dans ma tête, les éléments se mirent en place, et je compris enfin vraiment ce qu'il lui arrivait. Depuis l'expérience ouija, Amanda se comportait étrangement, et c'était encore plus bizarre de jour en jour. Avec ce que j'ai entendu cette nuit, j'étais désormais sûre d'une chose: elle est possédée. Et je vais tout faire pour trouver une solution.
Je ne me sentais pas bien, j'eus la nausée et eus tout juste le temps de courir jusqu'au toilettes pour vomir. Je tremblais de partout. Je ne parvenais pas à ma calmer. Ma mère prit ma température et m'ordonna de rester à la maison aujourd'hui.
- Tu as 40 de fièvre ! Au lit !
Je m'exécutais même si je ne me sentais pas fièvreuse. J'avais ressenti comme un coup de poing à l'estomac au moment où je commencais à me sentir nauséeuse.
- Amanda ?
Elle apparut à la porte aussi simplement que si elle se téléportait. Elle me toisait avec froideur et me dit:
-Restes au lit pour aujourd'hui, il va se passer quelque chose et j'aurais besoin de toi après.
- Quoi ?
Elle disparut. Je m'endormis instantanément.
Deux heures plus tard, je me réveillais en sursaut, sûre d'avoir entendu des voix crier dehors. Je me levais et allais au rez-de-chaussée pour ouvrir la porte. Les gens pleuraient et d'autres criaient "Tu l'as assassinée !" "Meurtrière !" "Sorcière !" en me regardant.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Tu l'as tuée parce qu'elle était plus populaire que toi, pas vrai ? s'écria un homme âgé.
- Quoi ? Qui a tué ?
- TOI !! répondirent plusieurs personnes.
- Je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit ! Pourquoi vous m'accusez ainsi ? Je ne comprends pas ! m'exclamais-je.
Mes parents arrivèrent en panique en voyant la foule et me firent rentrer à la maison.
- Mais c'est quoi tout ces gens ?! hurlais-je.
- On n'en sait rien. On nous a appelés pour nous signaler un accident au collège ce matin. On ne sait rien de plus.
- Il disent que j'ai tué quelqu'un. Ils m'ont traitée de meurtrière et de sorcière ! Je...
On frappa alors à la porte. J'allais ouvrir pour faire face à deux policiers.
- Police, nous avons des questions à vous poser, mademoiselle Darkest ?
Je fis entrer les deux agents. Que se passe-t-il ? J'ai peur.
- J'ai pas de nouvelles d'Amanda, disais-je à mes parents. Je tentais de la joindre quand l'un des deux policiers me dit:
- Ce n'est pas la peine, mademoiselle. Nous sommes là pour ça.
- Comment ça ?
Je me souviens des paroles d'Amanda le matin même. J'eus un très mavais préssentiment.
-Il vaudrait mieux s'asseoir, dit l'autre agent.
- Venez dans le salon, dit ma mère.
Tout le monde la suivit sans bruit. Le malaise était là.
- Madame, Monsieur, Mademoiselle, il y a eu un accident au collège où vos filles étudient et - l'agent regarde son collègue avant de poursuivre - il y a plusieurs morts.
- Oh mon Dieu, dit mon père. C'est horrible !
- ... Parmi eu se trouve votre fille, Amanda, dit le deuxième agent.
J'eus du mal à percuter. Pas possible ! Pas ma sœur ! Jamais !
Je regardais mes parents choqués avec difficultés à travers mes larmes que je parvenais pas à retenir. Je n'arrivais plus à respirer.
- Nous sommes désolés, dirent les deux agents. Mais nous avons des questions, car quelque chose semble croire que Sophia a des réponses à nos questions.
- M...M... Moi ?!
- A côté d'elle un message était écrit sur le sol avec du sang. "Ma sorcière de sœur sait tout". Qu'est-ce que cela veut dire ?
Oh Seigneur ! Mais qu'est-ce qui m'arrive ! Je comprends mieux pourquoi les gens dehors me traitaient ainsi plus tôt !
- Je voulais vous en parler, commencais-je en regardant mes parents, j'ai quelque chose à vous montrer.
J'emmenais donc mes parents et les deux agents dans ma chambre pour leur montrer le coffre et son contenu. Je leur racontais tout, même ce qu'il s'est passé avec la planche ouija et ce que j'ai entendu cette nuit dans le grenier.
- J'aimerais voir le grenier, dit l'un des agents.
Je partis donc au grenier et au moment d'ouvrir la porte, j'hésitais et me mit à trembler avant de pleurer de nouveau. Un des deux policiers mit sa main sur mon épaule pour prendre courage. Je tournais la poignée et étouffais un cri d'horreur.
Les murs étaient tapissés de sang. Au cente de la pièce, un petite coupe était remplie de sang, et à côté de cette coupe, un poignard était posé là.
Ma mère hurla et me père blémit. Les policiers regardaient ce spectacle répugnant.
- Comment ça se peut qu'il y en ait autant ?! m'exclamais-je.
- Tu te souviens que ces gestes étaient raides et saccadés comme si elle avait mal, me rappela ma mère.
Quelle atrocité ! Ma tête tourna. Je tomba et perdis connaissance.
Je me réveilla à l'hôpital, entourée par mes parents, deux médecins et les deux même agents que plus tôt.
- Tu es tombée dans les pommes mais tu étais tellement blanche qu'on a eu peur, dit un policier.
- Je jure que je ne savais pas, messieurs, me rappelant où j'étais quand je suis tombée dans les pommes.
- On te croit mais on va te faire passer au détecteur de mensonge pour boucler cette affaire au plus vite. Mais je te le dis tout de suite, les gens pensent que tu as assassiné ta sœur pour des raisons farfelues. Nous devons te laisser. Viens au poste dès que tu sors de l'hôpital, pour passer au détecteur et ensuite tu pourras te reposer.
-D'accord.
Je regardais les deux médecins qui me toisaient avec dégoût. Je tournais les yeux vers mes parents.
- Je peux parler avec mes parents, s'il vous plaît ?
Les docteurs quittent la pièce, suivis par les policiers.
- On va partir d'ici. Je ne veux pas rester dans cette ville plus longtemps, dit mon père. En attendant tu peux aller chez tes grands parents quelques temps.
- Non, c'est bon, j'ai rien à me reprocher, je suis innocente.
- Que veux dire ce message sur le mur ? demandais ma mère.
- On a fait de la magie noire, c'est vrai, au début j'étais contre ça mais Amanda a tenté de faire une poupée vaudou, je crois que c'est comme ça que j'ai été malade ce matin. Et... Je crois qu'elle savait que j'écoutais à travers la porte.
- Comment ?
- J'ai frappé à la porte. 2 coups. Elle a du deviné que c'était moi.
Je baissais les yeux, les larmes me gagnèrent de nouveau.
- Qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
- Que ta sœur avait un comportement très étrange avec tout le monde, les gens ont eu peur. Elle aurait ri et aurait commencé à poignardé au hasard, avant de... se tuer, dit mon père, la voix brisée.
- Avec le poignard ?!
- Apparemment oui.
- Reposes-toi, dit ma mère.
Je m'endormis aussitôt. Les jours qui ont suivis étaient durs. Quand je sortais me promener, les gens me regardait et parlaient entre eux. Cela devenait lourd à la longue mais j'avais appris à les ignorer. Je sais ce que j'ai ou pas fait. J'en sais plus qu'eux en tous cas.

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