Mains sales

Il y a ceux qui partent. 

Et ceux qui restent. 

Ceux qui partent le font pour des tas de raisons. Parce qu'ils sont tristes, déçus, ou qu'ils attendaient de moi ce que je ne pourrais être. L'étoile brille fort, mais elle a ses zones d'ombres. Ses ténèbres se voient bien moins mais sont d'autant plus noires. Disputes, isolement, colère... Quotidien d'un être qui refuse qu'on s'inquiète pour lui. Ou alors... Qui ne veut simplement pas que ça se sente. Quand ça se sent, lui se sent oppressé. Curieuse sensation mêlée à un bonheur subtil, une sensation de gêner, de déranger, mais une satisfaction d'être apprécié, aimé... 

Ceux qui restent me subissent. Ils subissent mes spleens, bien que je ne les montre que par écrit bien souvent, que je suis le roi du "faire semblant", quand les ténèbres étincellent, il s'avère qu'elle ont cette tendance à noircir ce que je touche, du moins, j'en ai l'impression. Bien qu'ils me disent que je reste quelqu'un de bien, j'ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur, d'être surestimé, projeté sur un piédestal sur lequel je ne saurai tenir debout. Mes jambes tremblent à cette idée, mais ils sont là, ils absorbent cette noirceur et la transforment en une étonnante lueur, une petite flamme bien chaude dont je ne sais pas encore apprécier complètement l'éclat... 

Parfois j'ai cette impression de ne pas mériter. Que je ne devrais pas avoir le droit. Que cet éclat sinistre ne devrait avoir pour écho que du noir. Que je salis mes mains à remuer une terre désolée alors que je pourrai tellement mieux faire. Mais je suis comme ça, les autres comptent, je passe ensuite, même si depuis quelques temps je prends un peu plus soin de moi, je garde cette impression de ne pas faire ce qu'il faut. Le feu brûle, là-bas, au loin. Alors que ceux que j'aime tentent de m'en abreuver, je continue à retourner cette terre brûlée. Comme un fou à la recherche d'un or imaginaire dans une rivière... 

J'ai les mains sales oui, mais je vous aime, mes amis.