Mal à l'âme

Elle était prostrée là depuis des heures. Les bras serrés autours de ses genoux, se balançant lentement au rythme des battements de son cœur. Ses larmes avaient cessé de couler, son visage était livide, son regard perdu. Comme si toute trace de vie l'avait quittée.

Elle avait mal. Terriblement mal. C'était une douleur insoutenable qui la rongeait de l'intérieur.

Ce n'était pas une douleur physique. Non. Elle y avait réfléchi longtemps. Aucune partie de son corps, aucun organe ne la faisait souffrir.

La douleur venait de l'intérieur, de son âme. Elle avait mal à l'âme.

Tout était obscure, elle ne voyait plus la lumière. La douleur l'aveuglait.

Ce n'était pas constant. Parfois elle se sentait mieux. Elle se redressait, tentait de se lever. Mais cela re-surgissait d'un coup, la saisissant jusqu'à l'os, la projetant par terre.

Elle avait l'impression que son cœur battait de plus en plus vite, qu'il accélérait sans arrêt, qu'il allait imploser. Que cet organe vitale allait voler en mille éclats et la perforer de l'intérieur.

Ses mains se resserraient autour de ses jambes, formant comme un cocon autour de son corps meurtri. Elle se sentait en sécurité dans cette position. Comme si plus rien ne pouvait l'atteindre. Ni la peine, ni la peur, ni la mort.

Elle fermait les yeux avec toute la force qu'elle possédait encore. Elle les fermait tellement fort que l'obscurité de ses paupières était remplacée par des taches de couleur. De petites taches colorées qui dansaient dans sa tête. Elle voyait des formes. Elles étaient floues au début et puis elle à fini par les reconnaître. Par comprendre qu'elles correspondaient à des choses qu'elle connaissait.

Elle à vue son corps, étendu, livide. Et une nouvelle vague de douleur l'a envahie. Une décharge de peine et de souffrance.

Et elle s'est remise à pleurer. Elle a évacué son chagrin et sa haine en quelques instants. Elle les a projeté loin de son corps et de son esprit.

Elle s'est ensuite levée lentement, essuyant son visage humide et ses yeux gonflés.

Puis, saisissant la photo qui était posée sur le meuble près d'elle, elle a éclaté de rire. Elle à ri comme elle ne l'avait jamais fait.

Elle s'est moquée de la mort cette nuit là. Elle lui à hurlé toute sa haine. Elle lui a crié à quel point elle la détestait et lui en voulait de l'avoir privée d'une personne qu'elle aimait profondément.

Elle s'est moquée de la vie cette nuit là. De sa cruauté sans nom, de sa lâcheté. Elle nous fait miroiter la joie et la passion et soudain, elle transforme notre vie paisible en une immense douleur. 

Elle à hurlé sa peine et sa haine jusqu'au levé du soleil. Jusqu'à ne plus pouvoir articuler un mot. La douleur était moins intense. Comme si le fait d'exprimer chacune de ses angoisses l'avait libérée de ce poids. Elle était libre et épuisée.

Alors elle s'est endormie et à rêvé d'une vie différente.