Mardi

Coralie

Dans le précédent chapitre, Tiffanie se remémore ses années passées, notamment la cruauté dont avait fait preuve Noémie lors de ses années de collège même maintenant.

Ce mardi-là était la jour de l'anniversaire d'Alexandre. Noémie avais mit le paquet; elle avait économisé 2 mois durant pour pouvoir leur offrir un petit week-end en amoureux à Paris. Peut-être l'aimait-elle vraiment... ou peut-être voulait-elle tout simplement s'assurer qu'elle allait le garder auprès d'elle.
Pour ma part, je trouvais cela un peu trop cliché. Après tout, en enlevant la Tour Eiffel, l'Arc de Triomple et cie, Paris n'était plus qu'une ville surpolluée.
Mais bon, c'est sûr qu'emmener son petit-ami à Paris, ça faisait plus classe que de dire "Ouais, on va passer un petit séjour à Trouville en amoureux".
De mon côté, je lui avais simplement acheté le dernier album d'un groupe de rock qu'il appréciait.
Nous avions décidé de le lui souhaiter à midi, pendant la pause déjeuné.
On s'installa à table puis Noémie nous lança un clin d'oeil. Nous avions convenu que ce serait le signal, celui grâce auquel nous commencerions à chanter.
Alors, on chanta. Alexandre était étonné, mais l'euphorie se traduisait sur son visage. Manuel aussi était étonné. Il ne me fallu pas longtemps pour comprendre le fond de sa pensée. Noémie allait littéralement le trucider, d'autant plus qu'elle l'avait boudé pendant toute la matinée.
Après avoir fini de chanter, nous lui souhaitâmes tous un joyeux anniversaire et Noémie se jeta littéralement sur Alexandre et l'embrassa comme si sa vie en dépendait. Elle aimait un peu trop se donner en spectacle.
Je regardais Manuel du coin de l'oeil; on voyait bien qu'il était gêné. Pourtant, personne n'y fit attention, jusqu'au moment où arriva la distribution des cadeaux, si l'on pouvait appeler cela comme ça.
Tout le monde sortit un petit quelque chose de sa poche ou de son sac, à l'exception de Manuel et de Noémie, cette dernière nous déclarant avec un ton un peu trop solennel pour l'occasion qu'elle préférait attendre un moment intime où ils seraient seuls pour lui révéler sa surprise.
Valentin lui offra une pile de magazine Playboy, le taquinant en lui disant qu'il était désormais un homme, "un vrai" comme il disait. John lui donna une boîte à cigarette en bois brut et Achille et Mohamed lui offrirent le parfum "Eau sauvage", nom un peu explicite sur les arrières-pensées que les garçon avaient. Je crois bien que Valentin de ce jour comme d'un moment mémorable !
Quant à John, il lui offrit une boîte remplie de médiators tandis que moi, comme convenu, je lui offrit un album.
Il ne restait plus que le cadeau de Manuel. On le regardait avec insistance, n'osant demander où se trouvait son présent. Valentin rigolait nerveusement tandis que Noémie foudroyait Manuel du regard. Le pauvre ne savait plus où se mettre. Il inventa un piètre excuse, comme quoi il avait oublié son cadeau chez lui, même si on se doutait bien, pour la plupart, qu'il n'en avait tout simplement pas préparé. Manuel prétexta ensuite une tâche à faire pour s'éclipser.
Après avoir fini de déjeuner, l'incident du cadeau s'étant à peu près dissipé, une fille vînt à notre rencontre. Elle était grande, blonde et avait des atouts qui auraient pu plaire à n'importe quel garçon.
Son visage était tout mignon; elle avait de grands yeux verts et de petites tâches de rousseur qui lui adoucissait encore plus les traits de son visage.
Elle se planta devant Alexandre et lui tendit une boîte de chocolat, alors qu'elle avait les yeux rivés sur ses pieds.
Noémie lui lançait des regards noirs, elle voulait certainement la saigner; le fait qu'une fille offre un cadeau à son petit-ami devant elle, c'était une humiliation, un affront qu'elle ne pouvait supporter.
Mohamed et Achille ricanaient tandis que Valentin avait les yeux rivés sur Noémie, un petit rictus sur le visage. Je me demandais bien ce qu'il pouvait penser, sachant qu'il était l'ami d'enfance de Noémie et que par conséquent il devait en savoir d'avantage que nous sur elle.
Quoi qu'il en soit, Alexandre ébouriffa les beaux cheveux blonds de l'inconnue qui se présentait devant nous. Elle leva timidement la tête et lui sourit. Elle lui souhaita un joyeux anniversaire, il la remercia et elle partit. Puis silence.
Personne ne disait rien. Ce fut Valentin qui essaya dissiper le malaise.
"Et bah Alex, te serais-tu déjà lassé de notre chère Noémie ?"
Sérieusement ? Non mais dîtes moi que je rêve.
Mohamed s'exclaffa, Achille se tapa le front de la paume main avec exaspération tandis que je restai planté sur place, attendant avec peur l'ouragan appelé "Noémie". Seulement, ledit ouragan ne vînt pas; en effet, elle était restée de marbre à la réflexion de Valentin. Pas de regard sanglant, ni d'insultes à tout va. Rien. Bizarre.
À la place, elle regardait Valentin, qui lui souriait de toutes ses dents, apparemment fier de ce qu'il venait de dire.
Alexandre, lui, répondit sur la défensive, visiblement gêné, qu'il ne tromperait jamais sa dulcinée et embrassa cette dernière sur le front. Nous partîmes alors en direction de l'arrière-cours, qui était devenue depuis l'année précédente notre repère, jusqu'à la reprise des cours. Plus personne ne parla de l'incident de ce midi.
Pendant notre seule pause de l'après-midi, je partis à la recherche de Manuel, que je n'avais pas revu depuis le malaise du déjeuné.
Manuel et moi étions sortis ensemble l'été dernier, celui qui clôturait notre première année en tant que lycée. Tout le monde, y compris moi, savait qu'il aimait Noémie; seul lui n'en avait apparemment pas conscience. Mais je l'aimais.
Seulement il me quitta.
En m'envoyant un message me disant qu'il en aimait une autre.
J'étais démoralisée mais je me ressaisi. Je n'allais pas abandonner celui que j'avais aimé pendant trois longues années seulement parce qu'il en aimait une autre s'avérait être une vraie vipère.
Alors j'essayai de me rapprocher de lui, seulement il devenait de plus en plus distant. Mais je persévérerai.
Lorsque je le trouvais enfin, marchant seul dans un couloir, je me précipitai et m'accrochai à son bras. Je lui proposai une sortie cinéma, mais il refusa immédiatement. Il se débattait pour se libérer de mon emprise. Je voyais bien que je l'agaçai alors je le lâchai.
Soudainement, il se retourna et il regardait de droite à gauche, comme si il cherchait quelqu'un.
Puis, il reprit sa route vers une salle de classe, sûrement celle où allait se dérouler son prochain cours, m'abandonnant, penaude, au milieu du couloir.
Le reste de l'après-midi passa.
Je me dépêchai de rentrer chez moi pour pouvoir m'allonger, serrer mon oreiller dans mes bras et enfin, enfin pousser un long soupir, celui de l'humain devenu lasse de la vie.

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