Mars, l'expo

Christophe Paris

Petite déambulation de terrien claire et concise sur la planète rouge. De l’interactivité simple mais efficace, du savoir accessible et un peu de rigolade pour les plus jeunes. Une expo tous publics


Décollage.

La visite commence par un écran comme une fenêtre de vaisseau. Vous quittez notre planète pour finir par la voir de votre pied à terre sur Mars, pas bête. Démarche inversée sur la fresque qui vous aspire comme un trou noir vers le reste de l'expo. Des photos  qui partent de la vue de l'œil humain à celle d'un plan rapproché du sol martien, la qualité de celles-ci évoluant avec les techniques. Je mets ma tête sous une cloche de plexiglass, j'y entends une voix résumant histoire, recherches et  découvertes, complétant ainsi une fresque illustrant le tout.


Exploration.

Après le briefing,  le grand voyage. Ici pas d'interactivité mais d'imposantes répliques des machines à espionner les planètes, comme dans Star Wars. On n'est pas dans la science-fiction mais il y a quand même des monstres.
 Ces sondes.
 Saisissant de les frôler, chouette de s'y confronter en taille réelle.
Ils ont dû bien flipper les martiens en croisant nos engins de zhumains. Des machines à têtes d'insectes, du cafard à la mante religieuse. Pas vraiment aimables les bestioles. Comme Curiosity et ses 900 kgs. Plus gros qu'une jeep le bidule, franchement viril voire guerrier au regard de ses mensurations. Spirit, 3 fois plus petit avec un corps de guêpe bleue à  l'air énervé. Un côté prédateur à notre image ?
J'entends «  waow t'as vu les tracteurs » d'un groupe de mômes qui enchaîne sur un « wesh wesh comment ksé gros, tsé quoi ? On dirait la prof de math avec ses binokes » tout le groupe se marre même la prof…de math.

Combinaison et contact extra-terrestre.

C'est l'heure d'immortaliser le moment, un petit selfie sur des silhouettes de cosmonautes tronquées du visage, le groupe fait la queue. « Hey vas-y chui l'premier blackos sur mars », perdent pas le nord les mioches…
Et vlan ! Le truc tout bête mais qui vous retourne.
Un doigt.
Le vôtre.
Pas de place pour plus, mais que vous posez sur un vrai toup'ti bout de roche martienne. C'est étrange, c'est juste une caillasse sous une loupe, mais ça file la chair de poule dès qu'on y connecte le cerveau. Je fais partie d'une génération élevée aux Marvels et autres surfer d'argent, et là je touche mars, c'est dingue!


Salle des commandes et tests interactifs.

La salle de contrôle, 9 écrans, 9 sources sonores différentes, entre commentaires, reportages et images 3D le tout avec le son à fond les manettes. Un mix où se croisent techniques et instants de vie. Derrière la prouesse l'allégresse, derrière la technologie l'humain. Vous voyez des types éclater ou pleurer de joie, rire, applaudir, s'embrasser  dans une hystérie totale pire qu'une victoire du PSG. Restez un peu pour chopper l'ambiance.

Confrontation avec Mars

 C'est l'heure de tester miss Mars par le biais de plusieurs manip' simples mais très parlantes.
 Porter 10kg sur terre ou sur Mars. C'est limpide, on doit moins souffrir quand on déménage sur sur la planète rouge !
 Tester les 75 kmh de vent sur terre et sur Mars, placez vos cheveux devant les souffleries, à vitesse égale, force différente. Une baffe sur terre, une caresse sur la belle rouge. Les kids adorent mais tournez les de dos pour éviter les poussières dans le n'oeil !
La terre est bleue comme une orange… De vrais poètes les concepteurs de l'expo,  qui détournent la phrase en une balance à équilibrer. D'un côté une grosse boule bleue, la terre, de l'autre plusieurs boules oranges pour mars. Combien de mars pour une planète ? A vous de jouer les demi-dieux et de trouver la réponse.

Mars apprivoisée.

Maintenant que je suis pote avec une planète au nom de barre chocolatée, j'ai envie de la connaître un peu plus, je découvre ses formes, la topographie.
 Là y'a du job pour les académiciens et du business pour les trekkeurs. Les pas bêtes à deux cornes vont devoir remplacer « Abysse » pour qualifier des canyons de plus de 7 km de profondeur et niveau trekking gros potentiel pour tout le monde. Des volcans grands comme la France qui culminent à 22 km et des canyons de 3500 km, ça ouvre des perspectives de forte croissance c'est certain.
Je passe à sa couleur de peau via les couleurs de mars. Un grand écran tactile comme pupitre, et vous voilà transformé en un scientifique retraitant ses clichés pour en étalonner les couleurs. On clique sur différents paramètres pour obtenir les vraies teintes. Si vous trouvez les bons réglages, vous êtes récompensé par la possibilité d'utiliser une vision panoramique comme sur Google street.
Ensuite petite vidéo "piloter une sonde" qui résume clairement les contraintes rencontrées et les temps de pondération. J'enchaîne sur un grand écran avec explications et traduction LSF sur Mars et ses secrets. Joli le paysage martien qui défile derrière.
En revanche, défiler pour un fauteuil dans l'expo paraît peu aisé en cas d'affluence, et certains éléments semblent un peu hauts pour une personne en chaise. J'en termine sur un écran avec un petit levier de commande façon avion, qui une fois actionné vous propulse d'une époque à une autre. On y voit la terre, la lune et Mars y naître, vivre et mourir, très clair.
Deux bémols toutefois sur la visite. La taille, bien trop juste pour un sujet aussi vaste. La scénographie, qui oscille entre écrans tactiles et quelques éléments qui datent un peu. Mais j'insiste, ça fonctionne. On sent que les concepteurs ont tout fait pour produire sens et compréhension malgré la crise des budgets publics. On peut les en remercier, comme l'accessibilité qui pense à tous via le braille et la LSF.
 Bon, J'ai tout fait, tout lu, tout vu... Gros coup de barre.
Distributeur.
2 euros.
Un mars et je repars.

 

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