Même pas mort
Jean Claude Blanc
Même pas mort…
La vie reprend son cours, finis les beaux discours
Même par mort l'humour, Charlie est de retour
Fait plus les premières pages, mais a d'autres recours
Va croquer les mitaines, des intégristes sourds
Entre Blancs, jaunes, beures noirs, c'est pas le grand amour
S'est fait clouer le bec, le canard déchainé
S'apprête à se venger, de façon plus rusée
Savoir raison garder, pas question s'y plier
Survivants au désastre, méritent l'éternité
Empruntent à Picasso, son pinceau bariolé
De changer de sujet, pas facile désormais
Tellement habitués, à mimer Mahomet
L'ire des religieux, a été si terrible
Qu'en ces jours de deuil, parait irrésistible
De ne jamais cesser, de les prendre pour cible
Seigneur tout puissant, lui, s'est fait sa réclame
Prophète par intérêt, l'Islam attise les flammes
Publicité gratis, pour les vengeurs masqués
Qui changent leur âme en arme, tellement désoeuvrés
Cette révolution, n'aura duré qu'un temps
Même le Pape s'en mêle, fervent tireur de gnons
Pour boxer les impurs, il ne prend pas de gants
S'entrave dans sa chasuble, encaisse les marrons
Intervention de Dieu, lui met une correction
Nouveaux marchands du Temple, pour combattre, sont pas bons
Ces gribouillis comiques, ironie pour pas cher
Suffisent à déclencher tas de pieuses colères
Mais il ne faut jamais, les prendre à la légère
Ces foutraques d'au-delà, susceptibles missionnaires
Pleuvent les aprioris, les barbus, les voilés
En France comme ailleurs, n'ont plus droit de cité
Tenu réglementaire, à l'école, obligée
Plus de tapis de prières, la Marseillaise, chanter
Résolution bien tard, de notre Nation laïque
Mais il ne suffit pas que de bander nos muscles
Brailler sur tous les tons « Vive la République »
C'est le geste qui compte, le monde nous reluque
On est tous des « Charlie », sans conteste aujourd'hui
De cette froide averse, on ouvre le parapluie
La mode est au changement, on retourne nos vestes
Même dépoussiérées, encore elles empestent
La mort, le sang versé, la vermine qui progresse
On veut se rassurer, sera plus comme avant
Solidaires citoyens, ignorant les tyrans
Il est bon à croquer, ce vertueux adage
Les loups vont dévorer, humanistes, brebis sages
A croire certaines églises, celles qui n'ont jamais tort
De boire, de bouffer, c'est un drôle de sport
Le porc est interdit, et pourtant, ils en mangent
Se saouler vins de messe, nullement les dérangent
Il y a contradiction, entre prouesses et promesses
Et par-dessus le marché, sont obsédés de fesses
Mais l'ironie du sort, me montre que j'ai raison
Qui a fumé Jeanne d'Arc, c'est l'évêque Cochon
Un nom prédestiné, pour se couvrir de boue
Car dans « la mare au diable », ils fourrent leur groin partout
Le chef des catholiques, dans sa papamobile
Bénit tous ses fidèles, mais protégé des balles
Pourtant qu'a-t'il à craindre de ses ouailles dociles
Sa place est réservée, au ciel, c'est si pas mal
Rabbins, Imams, Curés, tous dans le même sac
Sont nés d'une portée, d'un père et d'une mère
Mais pour se reproduire, se sentent pas d'attaque
Voudraient nous enseigner, l'art s'envoyer en l'air
Revenons au présent, dans notre cher pays
Les flics ne chassent plus, les bandes de pieuses ordures
Nous mettent des contre-danses, Valls souffre de non-dits
Il faut se la boucler, bien serrée la ceinture
L'épisode dramatique, n'aura jamais de fin
C'est comme « plus belle la vie », en version assassin
L'intrigue se poursuit, on reste sur notre faim
Pour en connaitre la suite, faut attendre demain
La grande place est vide, chacun à son turbin
On ne fait plus la queue, chez le libraire du coin
Se trainent les loqueteux, au visage ténébreux
Nous regardent de travers, peut-être sont dangereux
Les croisés de l'enfer, se trompent de colère,
Sont pas les affamés, qui peuvent nous faire la guerre
Se contentent d'un bout de pain, et d'une canette de bière
On leur jette une pièce, histoire de bien faire
Mais les vrais mercenaires, ils ont l'air de rien
Excusez jeu de mot, paraissent bons chrétiens
Poli et même serviables, disent toujours merci
Sous leur manteau ils cachent, leur bréviaire maudit
Les mêmes, qui à New York, ont fait péter les tours
Instruits de dynamite, pilotes, ont pris des cours
Des gus comme vous et moi, affables et discrets
Seulement à l'intérieur, sont près à exploser
La haine, l'ont appris, au contact du djihad
L'occident faut détruire, nos femmes sont des putes
Ne vous étonnez pas, c'est plus la rigolade
Imposer leurs idoles, c'est leur unique but
Charlie, années plus tard, victimes de ces connards
Issus de nos banlieues, veulent être de la fête
C'est sûr, nous l'ont fait, même une grosse tête
S'escriment les politiques « on pouvait pas prévoir »
Déplorable réaction, on défile sans gloire
Même pas morts, camarades, artistes engagés
Là-haut sur votre nuage, inspirez mes pensées
Epicuriens toujours, baiser à satiété
Pas boire sacré calice, seulement le vin du cru
Car l'eau bénite des dieux, contient de la cigüe
Au bord de l'autoroute, de ma cité mortelle
Perché un minaret, mais vaut mieux dire chapelle
Ribambelles de clochers, parsèment le centre-ville
Toutes sortes de temples, pour paroissiens tranquilles
Chacun fait sa popote, en arabe, en latin
Même que le français moyen, lui, n'y comprend plus rien
Les sectes plus discrètes, elles jouent les « Abbé Pierre »
Pour soutenir les gens, qui sont dans la misère
Malraux l'avait prédit, les dieux ont belle avenir
A force de souffrir, on en devient martyr
On se tourne vers le ciel, comme bouée de sauvetage
C'est ainsi que nos gosses, la haine les ravage
La nature exigeante, a en horreur le vide
Jadis, les communistes occupaient le terrain
Depuis qu'aux élections, ils ont connu un bide
Personne ne vient en aide aux vieux qui crèvent de faim
Les extrêmes lucides, religieux ou réacs
Vite se précipitent, chez les mamies patraques
Les entoure de bienfaits, de semblants d'affections
A condition bien sûr, qu'ils votent aux élections
Qu'ils achètent leur bible, et qu'ils s'en imprègnent
Dans ma sinistre région, on se traite de «bosseignes »
Pauvres gens, dégénérés, s'en est la traduction
Charlie, même pas mort, nous fait ni froid, ni chaud
On le connaissez pas, sans doute un rigolo… JC Blanc janvier 2015