Mémoires, pages 7 à 9 / 312

Dominique Capo

Mémoires personnelles...

Entre parenthèses, tout comme pour moi des années plus tôt, ma mère a bien tenté d'initier mon benjamin à l'équitation. Pendant quelques temps, il s'y est prêté de bonne grâce. Puis, en grandissant, cette activité a de moins en moins eu ses faveurs. Il s'est tourné vers le Judo et le Football. Ma mère l'a accompagné à chacune de ses séances, à chacune de ses compétitions. Par contre, elle était peu satisfaite, le mercredi après-midi, alors que lui et moi restions seuls à la maison, et qu'elle et ma sœur allaient au centre équestre. Elle voyait d'un mauvais œil que nous restions enfermés dans nos chambres – y compris durant les beaux jours de printemps et d'été – devant les consoles ou devant l'ordinateur, ou à visionner l'une des centaines de vidéo-cassettes de films que mon père possédait.

Car mon père était un vrai cinéphile, et nous avons possédé un magnétoscope dès la fin des années 1970. Et au fur et à mesure des années suivantes, il a accumulé des centaines de vidéo-cassettes de films ; soit qu'il enregistrait lui-même à la télévision, soit qu'il piratait en compagnie de personnes aussi passionnées de films que lui. Je me souviens en particulier que je lui avait présenté le père d'un de mes camarades de classe qui se consacrait lui aussi à ce procédé répréhensible. Car il faut se souvenir qu'à cette époque, les films n'étaient éditées en vidéo-cassettes qu'au compte-goutte et coûtaient assez chères en magasin. Il faut aussi songer qu'un certain nombre de films – les dessins-animés de Walt-Disney notamment – n'étaient pas commercialisés.

Bref, en tout état de cause, mon puîné et moi préférions rester chez nous. J'avoue que ces instants privilégiés nous ont permis de nous rapprocher, lui et moi. Et que la grande complicité qui existait entre ma sœur et ma mère a eue son équivalent entre mon frère et moi. Ma sœur, plus tard, a bien tenté de construire une autre sorte de complicité avec lui. Mais, malgré ses efforts afin qu'il vienne avec elle au club hippique – il s'y rendait tout de même de temps en temps -, les liens qui se sont tissés entre mon frère et ma sœur n'ont pas eu, ni la même force, ni la même profondeur, que celle que nous avions bâti.

 

Malgré tout, ma sœur et ma mère se sont adonné à l'équitation avec ferveur et passion. Il faut dire que ma mère elle même est une fervente adepte de ce sport. Et elle a consacré de plus en plus de temps et d'énergie aux clubs hippiques des environs de notre domicile ; au désespoir de mon père.

C'est d'ailleurs le fait qu'elle ait commencé à s'épanouir dans ce centre d'intérêt qu'elle avait abandonné depuis sa rencontre avec mon père, puis leur mariage et ma naissance, que la situation s'est dégradée entre eux deux.


a suivre...

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