Mes amis

Faire une retraite, prendre avec moi un bouquin de 500 pages, un vrai pavé vrai de vrai, qui m'entraîne à la croisée de personnages épiques, hauts en couleur, comme on aimerait en voir plus souvent dans la vie. Avec le bouquin, prendre avec moi une boîte de bretzels et du soda, et m'isoler  en haut d'une montagne avec les marmottes et les chamois. J'aime le froid et le gel, enfiler ma polaire et faire des balades dans la nature, et après boire un chocolat et reprendre mon bouquin. J'ai pour marque-page, une vieille carte postale avec une fleur séchée dessus, j'aime le parfum de vieux papier qu'elle dégage, elle m'emmène vers de vieux souvenirs cendrés, un coin de cheminée chaud et protecteur, une vieille lueur du soir quand on préparait la soupe et du pain perdu. Ma mère et son tablier, personne emblématique de la maisonnée, avec mon père qui réparait sa chambre à air, odeur de colle à rustine, j'ai toujours aimé ce mot "rustine", il glisse sous le palais comme une luge sur la neige. Souvenirs, souvenirs...

Traîner dans ma lecture quand je vois arriver la fin de mon livre, en retarder le dénouement final, je suis comme un peu triste quand je quitte les personnages qui m'ont fait rêver, ou qui m'ont tenu compagnie tout au long de leur histoire. Tristan et Iseult, les enfants du beau livre mais si triste "Le pain noir", "Kramer contre Kramer", et encore tant d'autres, j'ai vibré pour eux, ils faisaient partie de ma réalité, le temps de grandes lectures passionnantes, ils étaient mes amis.