Mes plantes et autres êtres aimés

aile68

J'aimerais bien voir quelques petites fleurs pousser sur mes plantes qui restent vertes. Je repique des plants, essaie de ressusciter des kalanchoés, des azalées, mais toujours pas de fleurs, que des brindilles vertes qui tournoient sur elles-mêmes, serpentent autour des autres plantes et s'échappent de tous côtés. Ce spectacle m'enchante, m'émerveille, j'aime prendre soin de mes petites créatures cependant je les laisse vivre leur vie. Léger parfum de fraîcheur et de verdure, je les sens revivre sous le flot léger de l'arrosoir, matin et soir, je suis fidèle, j'en prends soin. J'enlève les feuilles qui pourraient les étouffer, les empêcher de reprendre, repartir vers une autre vie.

J'aimerais bien m'abreuver d'eau fraîche et  m'arroser au soleil du jardin, accompagnée du  chant des oiseaux. Faire une bataille d'eau avec les cousins et les cousines, nettoyer encore une fois la cour à grande eau et sentir l'odeur des pavés centenaires sur lesquels passent les mules et les tracteurs au petit matin et à la fin de la journée. Les cousins dessus qui reviennent des champs ont l'air de grands conquérants revenus des prospères Amériques. Comme j'aimerais les accompagner une fois au moins! Mais c'est le privilège des garçons, nous les filles on va à la mer ou on rend visite à la vieille tante. Soit! Pour le 15 août  on ira tous à la campagne, mon père me l'a promis, même qu'il y aura des gâteaux.

J'ai le souvenir de grandes réunions avec la famille autour des amandes à émonder. La tante qui raconte des histoires, l'argent prêt dans la poche du tablier pour les glaces de cinq heures. C'était en Italie, tout un pays merveilleux à conter et à imaginer. Dans ma tête des châteaux et des princesses à délivrer, sauver, secourir. A défaut de visiter le pays, je le connais à travers toutes ces petites choses qui font le quotidien des gens et de ma famille, le pain qu'on sort du four, son parfum, sa chaleur, l'eau qui arrive le soir tous les deux jours et qui est reccueillie  dans des bidons et des citernes. Le courrier qui n'arrive jamais et les lapins dans l'écurie de la voisine d'en face, celle qui fait les piqûres. Je revois tout ce petit monde  à travers les plantes de là-bas que j'ai replantées chez moi, dans un autre pays, un autre univers. Comme les princesses de mes fiers châteaux, j'essaie de les sauver, de leur porter secours, les aimer tout simplement.

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