Mescal

Patrick Gonzalez

Dehors la jungle verte, les insectes bruyants, la rosée qui s'agrippe aux murs de bambou. Moustiques suceurs de sang qui vrombissent, s'excitent. A la cime des arbres, au soleil narcissique, énorme, rougissant, aux cris des singes hurlants.

Les persiennes tournoient autour du ventilo, goutte à goutte jaunâtre au fond du lavabo, le bronzage blafard qui s'accroche au miroir, la barbe qui résiste aux assauts du rasoir.

Sur la table de tek, les vestiges du soir, les verres, les mégots, les bouteilles désertes, l'alcool dérisoire, la couleur du mescal …

Tempête sous un crane, errance pathétique, éviter le serpent qui dort dans le placard. Faire chauffer du café, renverser la bouilloire, marcher de long en large sur le plancher qui craque. Cœur cognant, bouche sèche, le couloir, la porte, l'escalier qu'on dévale, chaleur, humidité, la foret qui m'avale. Un autre jour encore, au piège végétal, seul, désenchanté sans bonjour, ni bonsoir.

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