Métro c'est trop!

arthur-roubignolle

(C'est en lisant un texte de Corinne Pelletier publié ici sous le titre « Déambulation métropolitaine », que moi aussi j'ai eu envie de faire un truc avec les noms des stations de métro parisiennes. L'exercice a déjà été fait pas mal de fois j'imagine, mais on s'en fout, voici le mien.)


Métro c'est trop !

(Contrainte oulipienne : mettre un max de noms de stations dans le texte!).


Connaissez-vous François Chatelet ? C'est un historien de la philosophie. Mais il n'a jamais rien écrit sur Voltaire, ni sur Corentin Cariou, car Corentin n'était pas philosophe mais conseiller municipal du 19e arrondissement, fusillé par les allemands pendant l'Occupation, il n'était pas Résistant comme le Colonel-Fabien, mais fut pris en otage.

Dans le métro, normalement, l'on doit céder sa place aux Invalides, mais il y a hélas de moins en moins de Volontaires pour cet exercice de civisme.

Lorsque j'étais petit, je me souviens, l'on croisait dans le métro des Abbesses vêtues de robes noirs avec une grande cornette Blanche. Elles allaient peut-être à la Basilique de Saint-Denis, ou à une Convention sur Saint-Augustin à l'Eglise de Pantin ? (Ce qui est sur c'est qu'elles n'allaient pas au Temple accompagnée d'un Pasteur!)

J'aimais entendre les musiciens dans le métro jouant Duroc plein de Gaîté (puis je n'avais pas les moyens de me payer des concerts à l'Odéon ou à l'Opéra).

Je n'aimais pas par contre ces Ternes passagers de la grande Cité qui me donnaient l'impression d'aller à la bataille de Stalingrad... Des gens sur la Défense...

Un jour, je croise mon amie Madeleine, qui a sur les bras des Monceau de Jasmin. Je lui propose de l'aider à porter toutes ces fleurs, mais elle Hoche la tête et me dit en tchécoslovaque « Iéna, Iéna ! ». Enfin, je supposais que c'était du tchécoslovaque puisque mon amie était originaire d'un pays de l'Est et avait tout naturellement débarquée à Paris Gare de l'Est. J'aurai bien aimé me marier avec Madeleine à l'Eglise Notre-Dame Des Champs, mais elle, préférait que l'on se marie à l'Hotel de Ville. Nous étions pauvres et n'avions pas les moyens d'aller au Georges V, nous logions dans un misérable meublé de la rue Vavin. Ce qui ne nous empêchait pas de nous promener sur les Grands Boulevards comme tout l'monde ! Madeleine n'était pas bien bavarde et je l'appelai « La Muette ».

En ce temps là, elle étudiait à l'Ecole vétérinaire de Maison-Alfort et moi après avoir hésité à faire les Arts et Métiers j'obtins une Bourse pour entrer à l'Ecole Militaire. J'y étudiais les grandes bataille comme Bir Hakeim, victoire des forces française libres qui permit aux britanniques de se replier sur El Alamein... J'y étudiais la guerre de Crimée où français et britanniques s'opposèrent aux russes en 1854. La bataille de Solférino, victoire de Napoléon III sur les autrichiens en 1859 n'eut bientôt plus de secrets pour moi, non plus que la bataille de Wagram. Je ne vous parle pas de la bataille d'Alésia, tout le monde la connait, ni du traité de Campo-Formio... La bataille de Buzenval par contre est beaucoup moins connue...

A l'école militaire, j' appris que Tolbiac était une victoire de Clovis sur les Alamans, et que c'est suite à cette victoire qu'il se convertit à la Foi Chrétienne... Où est enterré Clovis ? Nul ne le sait, certainement pas à Saint-Sulpice ni à l'Eglise d'Auteuil ni à Saint-Germain Des Près, des fouilles à Saint-Philippe Du Roule et à Saint-Placide, n'ont rien donné.

A l'école militaire j'étudiais la vie d' Exelmans, qui comme Kleber était soldat de la Révolution... Ah tous ces soldats, Laumière, Garibaldi, Philippe et Auguste, Botzaris, Galliéni, Dugommier, Daumésnil, Cambronne...

Hélas, je fus viré de l'Ecole Militaire car j'adorais trop Robespierre et Louise Michel. Louise Michel je dis pas, c'était une anarchiste, mais Robespierre, c'est un des fondateurs de notre République, l'une de nos gloire Nationale, (qui d'ailleurs n'est pas assez honorée à l'Assemblée Nationale...). Sans lui on aurait jamais pris la Bastille !

De dépit, je partis dans les Pyrénées monter un groupe de rock avec mon pote Henri.

Ah, Henri, Henri de la Porte des Lilas, j'espère que tu te souviendras de moi, j'étais le bassiste des Tornados... (Henri habitait en fait à Mairie de Montreuil, il avait Bel Air sur scène le Henri !). Avec mon groupe les Tornados on a joués en même temps que le groupe Pigalle et le groupe Oberkampft, c'était la pleine période punk, cette musique aurait fait frémir d'horreur Notre-Dame de Lorette, qu'était une Sainte...


Je me souviens qu'à la Porte d'Orléans je poireautais longtemps en levant le pouce. Je faillis même prendre un billet à la Gare de Lyon, mais je ne me voyais pas sur le Quai de la Gare. Les Pyrénées me semblaient lointaines et inaccessibles, le stop n'est parfois pas une partie de Plaisance ! D'ailleurs, bizarrement, quelqu'un m'emmena à Rennes. Quel détour ! On dit que tous les chemins mènent à Rome, mais quand même ! Un autre automobiliste voulait m'emmener à Anvers, et pourquoi pas en Argentine pendant qu'on y est ?

Enfin, comme disait Victor Hugo je crois, « les voyages forment la jeunesse », à moins que cela ne soient Pierre et Marie Curie qui aient dit cela ? C'est Anatole France si ça se trouve!


J'ai remercié l'automobiliste qui m'emmena dans les Pyrénées. Je lui dis « Bercy  beaucoup» car je venais de m'enrhumer... Il me déposa à Lourdes, qui est vraiment une Belleville... Dans une chapelle je fis une petite prière à Saint-Augustin, patron des stoppeurs, puis ensuite, ne sachant que faire je restais à la Porte de la Chapelle, les bras Ballard, pardon, ballants...

Le lendemain je rencontrais une Poissonnière, admiratrice de Bolivar et du Front Populaire. Bolivar était le Cadet de mes soucis, j'avais surtout besoin de trouver du travail. Bonne Nouvelle, je trouvais un emploi dans un Commerce de Maraîchers sous les Halles. Je passais une Convention avec mon employeur. Avec ma poissonnière c'était la Concorde. Je ne veux pas lui tresser de Couronnes mais c'était une fille bien, malgré un Corvisart, pardon, un corps bizarre... Elle portait au cou une Croix de Chavaux, nous habitions un petit Dupleix rue Edgar Quinet. Elle avait un frère, Gabriel, hélas Gabriel Péri en mer un jour, malgré qu'il sache nager et Porte Maillot...

Ma poissonnière me préparait d'admirables coquilles Saint-Jacques ainsi que de délicieux Parmentier de poissons, pour la remercier je lui lisais des livres de Jaurès et de la comtesse de Ségur. Elle rêvait d'aller voir les Pyramides, moi j'aurai préféré visiter le Jourdain ou le Danube, et me serait même satisfait d'une simple visite au Père Lachaise.

Hélas, un jour, par le Télégraphe, j'appris que Madeleine avait retrouvée ma trace et me cherchait comme une folle en voulant me faire la peau comme les allemands avaient fait pour ce pauvre Guy Moquet. La connaissant, je m'enfuis par un petit Sentier.

Je n'entendis plus jamais parler de Madeleine ni de ma poissonnière.

Depuis je vis sous un pseudo à Liège, rue Pasteur.

Grace à mon roman sur la fuite du Roi et son arrestation à Varennes, j'ai obtenu le Goncourt.




Ouf, j'ai réussi à caser 124 noms de stations pour 302 qui existent, suis crevé, faut dire que les transports en commun m'ont toujours épuisé... 








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