"MONDE HAÏKU" - NO 1

dun-onzo-fi

Article numéro 1 de «Monde Haïku», un cahier de réflexions sur la pratique et l’écriture du Haïku et sans prétention. (Fî)
Tout en parcourant les textes de quelques auteurs Haïkistes, d'ici, une réflexion m'est venue, suite à la lecture d'un Haïku en particulier : «Fort joli poème. En associant la fin du premier verset  à la fin du dernier…» Voici le début du commentaire que je rédigeais. Puis, j'ai enchaîné avec ce qui suit :

"Donc, j'apprécie toute la poésie qui découle de ce texte, mais qu'en est-il de la forme. Sans vouloir abuser de mes quelques connaissances techniques, je dois, tout de même, admettre que la notion de Haïku, dans ce cas-ci, déborde légèrement de sa véritable nature.

Dans un rythme syncopé de 8/11/12, nous nous retrouvons devant une transgression plutôt particulière, voire anarchique. Pourquoi ne pas appeler ce Haïku simplement poème. Ce n'est pas parce qu'un poème possède trois vers, qu'il doit se nommer, nécessairement, Haïku."

Actuellement, le(les) débats sur le Haïku demeurent assez pointus. Le grand univers de la transgression fait rage; chacun y allant de sa charge. Voici les questions que je me pose: Qu'est-ce qu'un Haïku ? Pourquoi et comment existe-t-il ? Comment devons-nous le percevoir ? Quel rôle doit-il jouer dans nos réalités actuelles ? Et que devons-nous respecter de cet art, avant tout japonais; ce qu'il ne faut pas oublier...

La notion du partage des émotions a passablement évolué depuis le 8e siècle. En adoptant une forme, doit-on en adopter, inévitablement, toute sa pratique : Exprimer une émotion selon deux pôles distinctifs, l'un respectant toutes les concordances japonaises de rigueur, ce qui signifie l'utilisation de l'enveloppe des saisons, de ne décrire qu'en tant que simple observateur nos environnements, d'où, alors, émane une poésie sclérosante et plus qu'autrement redondante. Ou, alors, positionner le poète au centre de l'action, lui permettant une large palette de réflexions, d'émotions à caractère stimulants et visant un changement, une dénonciation, ou tout autre propos liés à nos sociétés; et surtout, intégrant nos sentiments respectifs...

Nous n'aimons pas une femme ou un homme comme on le fait pour un arbre, un oiseau ou un ruisseau. Des nuances doivent nécessairement colorer le Haïku. Cette notion de «nuance» s'oppose à une tradition vieille de plusieurs siècles. Mais voilà que nous incarnons le futur dans ses prérogatives et ses changements. Soyons clair sur un point qui unifie l'ensemble des tendances actuelles : «Le respect de la rythmique du Haïku oblige à l'effort d'une créativité augmentée - non, je ne parle pas des lunettes Google glass – rires» Définir sa rythmique au départ et respecter sa structure, sa cadence. L'exercice amène cette plus-valu qui donne tout son sens à cet art et poursuit la démarche intrinsèque au Haïku tout en accentuant la profondeur de nos textes.

Certains se targuent de la connaissance absolue, de ceux qui auront tout vu et tout lu sur cet art. Bien leur en prenne. Seulement, le mentor, tel nomme-t-on Dieu, n'existe pas. Par contre, l'approche modérée peut faire naître des conseillers judicieux, des maîtres à penser investis de modestie, de respect et de passion et, surtout, heureux de s'instruire de nouveautés.

Les questions posées, précédemment, prévalent toujours. Tant de notions doivent être abordées au départ : La langue, la culture et allant même jusqu'aux couleurs de nos ciels respectifs. Le continent africain jouit d'une palette magnifique, quelle richesse (rires). Non, en effet, la question n'est pas de savoir qui a tort ou qui a raison, mais plutôt de se pencher sur une perception se mutant en des suggestions diverses et faisant office, ici, d'écoles. Chacune de ces «écoles», de ces modèles de pensée, prône et désire une unique et même chose : «Conserver l'art du Haïku dans sa plus pure tradition, liée à sa forme, à sa force et à sa grandeur poétique, ainsi qu'à sa valeur empirique, autrement dit à son origine.»

Nous ne sommes que de valeureux guerriers sans expérience. Nous savons tous que les guerres ne mènent qu'à des destructions systématiques. Les écoles de pensée font légions, tel je le mentionne plus haut. Chacune d'elles détient une clé qui ouvrira la porte au renouvellement «RESPECTUEUX» de cet art, toujours en plein effervescence. Les questions ne se posent pas en termes de : nous croyons que… mais plutôt, nous pensons que.

Nous «pensons» tous détenir la vérité et c'est normal; nous y consacrons tant d'efforts. Mais une vérité n'est que vent sur désert aride. L'acte, lui, vit, se retrouve en effervescence et permet l'expression. Question ultime : Que recherchons-nous ? À avoir raison ou à nous exprimer sous une forme acceptable et acceptée de tous ? J'ai noté, en parlant de la France, que le nord et le sud ne prononçaient pas les mots de la même manière. Les diphtongues (mores) varient. Il suffit de se référer à Pagnol, pour saisir cette distinction. Imaginons alors, toutes les difficultés et les adaptations linguistiques, afin que chacune des nations, désireuses de s'investir dans cet art, puisse trouver un équilibre. Elles font légions. Par exemple le français profite d'un assemblage de mots suscitant, invariablement, l'utilisation de l'allitération. N'oublions pas que le «japonais» reste une langue très tranchante et incisive. De ce fait, elle se voit rarement confronter à ce phénomène. On acceptera l'utilisation de l'allitération modérément. La rime participe aussi au même débat.

Ne demeure, alors, que le raffinement du contenu à ne jamais sacrifier. Le thème et son intention. Deux termes clés dans l'écriture d'un Haïku «enfin de ce que j'en pense.» Une poésie coulante qui séduit par des images simples et parfois surprenantes.
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Il s'agit ici de l'article numéro 1 de «Monde Haïku», un cahier de réflexions sur la pratique et l'écriture du Haïku, ainsi que de l'évaluation et de la pertinence de ce que nous produisons (Onzö-Dün-Fî-Pelà). Nous procéderons par une rigoureuse auto-évaluation. Nous ne nous fixons pas de règles quant à la parution des articles. Merci de votre lecture.

 
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Quelques premières références :
Ploc, la revue du Haïku - Association pour la promotion du haïku. Conseil, écrivez Ploc Haïku PDF dans google et vous aurez tous les nos disponibles.
http://www.thebookedition.com/fr/ploc-la-revue-du-haiku-n12-p-34636.html

La revue Meguro (Japon).
https://www.vivrelejapon.com/ville-tokyo/meguro-tokyo-quartier
 
Le Pampre (Revue régionale de littérature et d'art, Organe du Cercle Chevigné, Reims), source qui date, mais toujours de grande utilité.
http://www.rossini.fr/html/fiche.jsp?id=3322402
 
Wikipedia : une somme considérable de références avec reconduction par mots clés :
Le Haïku :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ha%C3%AFku
Le Tanka :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tanka_(po%C3%A9sie)
Le renku :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Renku
Le Kigo :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kigo
  • Très intéressant ! Je serais plutôt puriste en la matière et opterais pour le respect du "cahier des charges". Sinon, il faut revoir aussi la version de sonnet et autres styles littéraires. Ce serait dommage. Le haïku est un exercice précis, et justement, il torture la pensée pour parvenir à en extraire la quintessence... Alors, prenons-le comme tel, sinon écrivons des poèmes, tout simplement.

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • Mais je défends effectivement l'approche rythmique, je cite : "«Conserver l'art du Haïku dans sa plus pure tradition, liée à sa forme, à sa force et à sa grandeur poétique, ainsi qu'à sa valeur empirique, autrement dit à son origine.»".

      Par contre, je questionne l’utilisation systématique des saisons. Une modernisation, mais un respect pour l'origine de cet art japonais. Le poème urbain doit éclore davantage, il s'agit de nos vies.

      Le prochain numéro traitera d'une approche plus technique de la forme du Haïku. En attendant, Plac publie des textes fort intéressants. Plaisir de te reparler. Fî

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      dun-onzo-fi

    • Merci pour toutes ces précisions techniques. Plaisir de te reparler.

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Coquelicots

      Sy Lou

  • J'aime beaucoup ton article Fî. C'est une belle initiative ! Avec ceci, je redécouvre l'art du haïku ^_^

    · Il y a plus de 7 ans ·
    17c25d2b

    Yitou

    • Je te remercie Yitou, J'essaie et j'explore.

      · Il y a plus de 7 ans ·
      1505 partygirljpg 1

      dun-onzo-fi

  • Je n'ai pas tout saisi, mais je vais me documenter, à partir de vos références. Bonne soirée

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Fiany 2 temp

    fiany

  • Bonjour, intéressant, mais on aimerait en savoir davantage...

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Isalina

    marie-comtelle

    • Bonsoir, alors ce sera dans le prochain numéro. Merci, Fî

      · Il y a plus de 7 ans ·
      1505 partygirljpg 1

      dun-onzo-fi

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