Morsure

zetaaquarii

J'ai senti une douleur lancinante battre mon cou. Une sourde envie de tout lâcher et de me réfugier dans un espace clos, ouvert sur les émotions. J'avais envie de crisper mes doigts fins sur une fêlure profonde de mon âme. De danser sur un air déchirant d'espoirs déchus. Glisser sur une musique glaçant les espoirs entraînants vers un abîme de sécheresse laconique.

Une plainte silencieuse est née dans ma gorge nouée par l'angoisse vérité d'être seule. Mes yeux ouverts ne voyaient que le reflet de ma peine brutale et lourde. Le noir faisait place au blanc et la lumière enflammait ma cornée fragile. Un cri solitaire s'emparait de mon corps transpirant l'amer abandon de disparaître.

La pierre froide et humide me rappelait mes moindres démons enfantins. La peur s'insinuait lentement entre deux erreurs du passé. Et remontant les méandres tortueux de mon immobilité elle gravit les sables mouvants de son cruel destin. La lame froide et désincarnée s'immisce entre les effluves de mon corps flasque et tiède. L'empreinte de son odeur imprègne ma chair fragile et désarmée.

Lorsque je reviens du monde endormi, c'est un dégoût profond de la nature qui fait remonter toutes les saveurs sauvages de mon ventre meurtri. J'ai mal sans trouver quel nom porte cette douleur. Mon imaginaire a repris le dessus et je me sens plus faible que jamais. Sale et détruite, vivante mais morte, souillée et dévastée.

J'ai des marques et des griffures imprimées sur ma peau pourtant si douce. Mes seins portent les stigmates d'un avenir incertain et d'une route plus sombre. Je voudrais ôter ces taches invisibles et faire disparaître ces meurtrissures qui m'ont blessé à vie.

J'ai encore le goût putride de leurs mots indélicats en bouche. Leurs rires et autres cris transpercent mon cœur d'une infâme sécheresse démunie. Leurs langues gluantes et fétides ont barbouillé mes zones tendres et accueillantes d'un mépris sournois déshumanisé.

J'entendrai toujours leurs voix si impudiques et ces souffles si inconscients de désirs inassouvis.
J'ai peur de vivre, ici ou ailleurs. De me retrouver face à ces monstres d'égoïsme si sûrs de leur pouvoir du nombre supérieur à une. Je suis déchirée, dévastée et inconsolable d'une sélection non naturelle.

Cette morsure a tailladé mon être et fait de moi la victime d'un sentiment bestial, décrié mais toujours actif. Je me sens faible et ravagée par une horde de charognards prêts à se jeter sur leur morceau de bidoche avariée et infestée de larves grimaçantes.

Cette cicatrice mord mon épiderme et suinte d'une douleur tenace et dégraissante. Je voudrais cesser de penser mais si je m'arrête je meurs, immobile dans cette poussière lumineuse et caressante. Cette tendresse apparente me transporte vers des lieux où des bottes ne sont pas légion. Je m'effondre perdue entre deux atmosphères, isolée mais entourée, seule mais encerclée.

Vivre, survivre et revivre…

Sans, pendant et après un viol…

Signaler ce texte