Mourir là-bas
Pierre Magne Comandu
LOUISE. — Aller. Serre-moi tout contre toi nounours ton corps ton petit corps tout doux ton poil que j'aimais bien que je caressais avec toutes mes amies je te coiffais des fois tu devais être tout triste un peu humilié je sais pas c'est triste tu dors maintenant tu dors au-dessus de l'armoire de ma chambre tu me regardais dormir et tu ne me verras plus et je t'ai dit au revoir encore embrassé tout fort tout contre moi je t'aime je t'aime je t'aime dernière chaleur au monde que j'ai embrassée de mes lèvres quel était ton nom comment t'appelais-tu un nom d'ours peut-être un nom de fille Louise non Ophélie Léopoldine peut-être joli Léopoldine joli aller. Avancer. La rose, sur la grève. La prend à ses mains. Le vent. La rose, à ses mains. La respire. Les pieds immergent. Les jambes refroidissent. Au revoir, le monde. Partir. Les vagues, de plus en plus près. Partir. Juste un peu de silence. La brume. C'était pas difficile. Finalement. C'est si calme. Loin. Les vagues. Dorment. Tout est. Silences. Si beau. La mer. Les oiseaux. La rose. Voilà. C'est fini. Noyer. Mourir là-bas.