my 7 reasons why.

redisblacklove

Les raisons qui m'ont faites écrire cela ne sont pas les mêmes qu'Hannah Baker. Pas d'idées noires, pas de passage à l'acte, pas de fin imminente.

La série "13 reasons why" m'a apprit beaucoup de choses comme à beaucoup de monde, mais elle m'a surtout inspiré à l'idée que certaines personnes pouvaient détruire une vie, et comme tous le monde, je pense qu'il y a des gens qui ont contribué à l'anéantissement de la mienne, du moins sur le point moral. 

Il s'agit plus ou moins de l'histoire de ma vie, pas de noms, que les brèves descriptions de mes bourreaux -sans rentrer dans les moindres détails-, le tout écrit à cœur ouvert, tripes à l'air et à l'encre de mes veines. De façon singulière et honnête.   

Ma mise à nu synonyme de mise à mort morale.


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1. La première raison que j'aimerai évoquer remonte à décembre 2013. Les années collèges sont souvent maussades pour la plupart des adolescents, remplies de moqueries et harcèlement de gamins puérils. Pour ma part, ça allait encore. Le problème n'était pas là, il était dans l'Inconnu.

Vous savez, cet amour de jeunesse qui tombe subitement quand personne ne s'y attend, c'était ça.

Un seul regard, et tout un être peut changer subitement.

Je ne le connaissais pas, et il ne me connaissait pas non plus. Il était arrivé depuis peu dans mon établissement scolaire, mis à part les gens de sa classe, tout le monde ignorait son nom.

Il avait suffit d'un instant, d'un regard insistant, puis de deux, puis d'un tas d'autre à chaque pauses pour que je change.

Chaque jour n'était qu'une nouvelle motivation à me lever et à partir étudier.

Le rituel habituel : la pause sonnait chaque matin à 10h, je savais où il serrait exactement, je n'étais jamais bien loin de cet endroit. Mes quinze minutes de pause journalières ne me servaient qu'à observer l'Inconnu.


13 décembre 2013


Fin de semaine, dernière journée de cours avant les vacances scolaires de Noël, pause habituelle, tout respectait les règles de mon quotidien.

Tout sauf l'Inconnu qui n'était pas présent. J'avais beau balayer toute la cours du regard, il n'était pas là.

Il n'avait pas été présent de la journée, à ma plus grande tristesse de n'avoir pu le voir avant de partir quinze jours en vacances.

Celles-ci s'étaient écoulées sans qu'il ne se passe un jour où je ne pense à lui. Mais ce n'était que le début d'une longue série de jours sans lui.

La rentrée s'était déroulée normalement, sauf la pièce manquante qui était toujours portée disparue : mon Inconnu n'était toujours pas revenu.

Dans ce cas là toutes les questions du monde nous traversent la tête : on se demande où est l'être que nous recherchons ? Pourquoi cette absence est présente ? Pourquoi il nous manque autant ? D'où vient ce serment au cœur et ce tiraillement à l'idée qu'il puisse être définitivement parti ?

Aucunes réponses.

Rien, mis à part une certaine folie sortie de nulle part qui s'était emparée de moi, m'obligeant à sans cesse ressasser le souvenir de ce regard.

J'avais commencé un rituel stupide qui consistait à compter les jours, parce que dans le fond, j'avais toujours espéré qu'il revienne comme si tout était normal, arriver un matin en cours et le revoir, comme s'il avait toujours été là.

Le premier palier fut les 100 jours.

Psychologiquement fragilisé, je continuais naïvement d'y croire.

110, 120, 130, 140, 150..........

En ce jours, nous sommes le 17 avril 2017 : il s'est écoulé 1 221 jours. 


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2. Contexte banal qu'est le familial.

La seconde raison n'était d'autre que l'impression de n'appartenir à ma propre famille. 

Les gens diront qu'à l'adolescence il est normal de se sentir exclue, mais cela remontait à bien plus longtemps que cette période ingrate : l'enfance.

Mes parents s'étaient séparés à mes 4 ans, ils avaient tout deux refait leur vies quelques années plus tard.

Le soucis se trouvait en la nouvelle femme de mon père. L'acceptation d'un enfant à voir son père avec une personne autre femme que sa mère varie d'un être à l'autre. Mon problème n'était pas celui là, c'était de me faire accepter par cette dame.

Les rôles inversés, le résultat était livré à l'échec : nous n'avons jamais pu nous entendre, et ne nous entendrons jamais.

Mon enfance n'est que souvenirs de piques, réflexions non constructives et ignorance dans les autres situations de la part de la dame.

Traumatisme indirect qui m'a certainement forgé ma carapace à vouloir me protéger de l'attachement et des gens.

Le résultat de mes jeunes années sous la dominance de la dame chez mon père : je n'aimais plus mon propre géniteur.

D'ailleurs, l'avais-je au moins déjà aimé ?

Sans réponse.


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3. J'aurais aimer continuer avec une personne, mais je pense qu'il est important de l'intégrer au plus tôt dans mon histoire bien qu'elle n'apparut que tardivement dans ma vie :

la maladie


Rien de plus laid que ce mot là, donc l'obligation de le montrer en gras pour crier le dégout qu'il inspire.

On a tous déjà rêvé, peu importe notre âge, à l'anniversaire parfait.

La perfection est subjective, elle n'existe pas et nous le savons tous plus ou moins.

Mais un anniversaire aussi pourri, je ne m'y attendais pas même dans mes pires cauchemars.

J'avais fêté mes 17 ans dans une ambiance des plus déprimante : je demeurais totalement shootée à cause des perfusions qu'on m'administrait depuis deux jours, j'étais empoisonnée par la bouffe -aucun autre mot pour décrire cela- de l'hôpital qui était tout simplement immonde, et pour rendre la chose encore moins agréable, j'avais subi une ponction lombaire dans la matinée qui m'avait cloué au lit pour le restant de la semaine et collée un mal de tête immonde pour les deux à suivre.

Je souffrais en silence dans cette chambre sans vie au lieu de souffler mes bougies dans ma cuisine.

Le lendemain de mes dix sept printemps, on m'apprit qui était l'heureuse élue. 

"Sclérose en plaques"

La neurologue venait de m'annoncer qui était donc la femme qui partagerait ma vie avec tout ses rebondissements jusqu'à sa fin.

Dans ma tête, tout était confus. Ce n'était qu'une inconnue, je l'a connaissais ni d'Adam, ni d'Eve.

Je n'avais jamais entendu parler d'elle.

Ce fut la découverte choquante et le tas de questions qui l'accompagnait.


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4.  "Ami(e)s".

Qui n'a jamais connu une personne avec qui le courant passait étonnement bien sans ressentir d'amour au sens propre du terme ?

 Louis Scutenaire avait dit : “J'invente mes amis.”

Et il avait bien raison. Pourquoi perdre son temps à s'encombrer avec des personnages futiles ne voulant que nos intérêts lorsqu'ils en ont le besoin et qui, subitement, disparaissent quand nous sommes vidé de notre quota de bonnes actions et d'aide alors que nous sommes au plus bas?

Récemment, j'avais appliqué cette citation, quasiment dans son intégralité.

Je n'avais gardé que la meilleure personne à mes côtés : une amie sincère, qui avait toujours été là pour moi dans mes réussites comme dans mes échecs, dans la santé et dans le combat continuel de la maladie.

J'avais éliminé toute la mauvaise herbe qui tentait d'écraser ma rose rouge si précieuse.

Je ne possédait plus qu'une amie, mais je me portais tellement mieux sans tout ces poids inutiles qui se trainaient à mes pieds.


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5. On pense connaître les gens qui nous entourent.

On croit avoir le privilège de briser certaines carapaces qu'on pensait incassables.

On a la stupidité de penser qu'il n'y en avait d'autre en dessous.

Cette reason est pour toi, parce que je suis quasiment persuadée qu'un jour tu liras cela et que tu te reconnaîtras.

J'avais eu la naïveté de croire qu'elle se livrerait à moi et qu'un jour je pourrais la lire comme un livre ouvert.

L'amour est parfois drôle : on découvre une personne totalement inconnue de notre routine et de notre univers, on l'a pense différente, on l'idolâtre comme une Muse qui aurait été trouvée au milieu d'un désert alors qu'en réalité il ne s'agit que de l'effet miroir d'un amour espéré il y a quelques années de cela.


Cette fois ci, il ne s'agissait pas d'un, mais d'une Inconnue.

Je l'a voyait comme de la peinture rouge au milieu d'un fond noir : elle était éclatante et je ne voyais qu'elle au milieu des gens.

La sensation m'était familière : deuxième regard, deuxième changement.

Inconsciemment, la flamme de l'Inconnu s'était rallumée 4 ans après dans les yeux de cette fille.

Les mêmes cheveux courts et clairs, ce regard bleu et mystérieux envoutant, la dégaine de l'innocence cachant un être semblant se reprocher mille et une choses et souffrir énormément malgré la tentative de dissimulation, puis cette silhouette de la -presque- perfection à mes yeux.

Était-ce sa ressemblance physique qui jouait ? 

Avec le recule, j'en était certaines. La similitude de ces deux êtres n'avait qu'envenimé l'attraction qui m'attirait vers le deuxième regard.

D'où l'impossibilité d'oublier également cette seconde personne.


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6.   En seulement quelques phrases :

- La déception amoureuse est grande, mais ne dure qu'un court instant fort en douleur et en sentiments.

- Se livrer n'était plus envisageable, on me referait du mal en me faisant m'attacher pour mieux me quitter lorsque cette attache serait à son apogée.

- Le renouvellement de la scène était devenue une vraie remise en question : pourquoi durant ce second petit laps de temps de souffrance une autre personne avait du renouveler le crime avec la même cible : moi ?

- Une sorte de cercle vicieux s'était crée sous mes pas, je ne pouvais aimer passionnément sans finir par la destruction physique ou surtout morale.

Je n'étais plus prête à aimer.


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7. Certain aiment finir par leur plus gros bourreau.

Pour être honnête, je les classe tous au même stade.

Tous, à un moment lointain ou proche de ma vie ont joués un rôle essentiel à mon anéantissement. 

Mais il y en avait quand même un au dessus des autres.


Mon pire bourreau restait moi même : je m'empêchais, sans l'aide de quiconque, à aimer ou à m'attacher à nouveau.

Je me refusais catégoriquement le moindre sentiment sous prétexte qu'il serrait destructeur, alors que je me tuais moralement -et inconsciemment- depuis décembre 2013 sans aide, juste en me rattachant à l'inatteignable : l'espoir de pouvoir être avec une personne qui était nocive pour moi; de m'attacher aveuglement au mal sous sa forme la plus pure.


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Il y a toujours la peur de faire une fin foireuse, d'achever un texte avec une bouse qu'on prétend indispensable pour conclure notre récit.

C'est pour cette raison que je laisse libre court à votre imagination pour terminer le récit de ma vie, tout comme pour les détails les plus profonds de mes reasons non dévoilés.


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Lundi 17 avril 2017

03:30

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