Nada !

Christian Lemoine

Rien. Nada ! Sous le réseau des caténaires, entre les pylônes qui arpentent l'espace en vigiles des voies ferrées, nada ! Il est bien des trains des circulent, embarqués de populace, engrossés des sueurs estivales d'un prolétariat besogneux. Sous les roues et les boggies échauffés, sous la carcasse brutale des voitures à étages, rien. Nothing ! Des travées, des éclisses ; les rails sempiternels, étirés à l'extrême sans mobile de rupture d'une cime à la rive, jusqu'aux berges englouties des paquebots frivoles ; nothing, rien. Un homme suffoqué s'expose à sa fenêtre ; un toit répudié par ses tuiles écornées ; un visage lisse et blême contestant au soleil l'hégémonie des brûlures. Une voix engoncée de climatisation ; et la rumeur brunâtre du roulement borné. Mais rien du voyage ; nothing from any journey. Nada, rien ! Un obséquieux butoir, soucieux de sa renommée à brider les dynamiques. Rien, nada ! Aucune voie de traverse pour embrasser la virginité corrosive des landes.
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