Noël et la famille d'Italie

aile68

Le soir pendant les vacances de Noël, on jouait aux cartes comme les anciens. La Mamma et la tante Rosa essuyaient les dernières casseroles, Dorotea préparait la pâte à biscuit, ceux avec les figues et Marie et les cousines faisaient les fruits déguisés. Tout devait être prêt pour le fameux 24. Les cadeaux attendaient impatiemment au fond des placards, Marco n'avait pas encore trouvé le sien pour Papa. On formait une grande famille avec les cousins qui venaient d'Italie. C'était la fête pendant quinze jours, on invitait même la voisine pour le goûter, Matteo râlait quand il y avait trop de monde à la maison, il a toujours empêché les gens de tourner rond. On aimait faire notre tour dans les magasins, à Paris il y a cette ambiance particulière avec les automates derrière les vitrines toute illuminées, et puis le bonhomme de l'armée du salut avec sa cloche. Quand il neigeait, les cousins qui ne voyaient la neige qu'à Paris, aimaient souffler sur les flocons de neige, on avait des jeux simples avec eux, on redevenait gentil comme quand on était petit. Même la cousine Gianna, celle qui vivait pas loin de chez nous, arrêtait d'être méchante et affichait un sourire constant sur son visage jauni par des années de calomnie. Le jour de Noël adoucissait tout le monde, même Matteo, comme si les rires du réveillon avaient lavé, poli nos défauts. Le jour de Noël même les garçons s'occupaient, s'affairaient avec les filles pour remettre la maison en ordre et préparer de nouveau une superbe journée où cette fois tout le monde jouerait aux cartes et aux jeux de société à part la tante Rosa et la Mamma qui se racontaient des histoires de leur enfance. Comme j'aimais l'harmonie de ce jour de Noël, souvent on oubliait de mettre le petit Jésus dans sa crèche, ce n'était qu'au soir qu'on s'en apercevait quand la cousine Gianna venait nous rendre visite avec les siens. C'était une grenouille de bénitier, mais ce jour-là elle faisait rire tout le monde avec son gros chapeau en fourrure pour se protéger du froid. Alors tout le monde se réunissait autour de la grande table de la salle à manger, et se mettait à parler dans un mélange d'italien et de français dans lequel on se retrouvait avec bonheur.

Signaler ce texte