Noir

compteclos

Il était là, adossé contre le mur tantôt bleu, tantôt violet. Les lumières du club se reflétaient sur sa peau claire. Toujours le même club, le DD's club.

Il regardait la foule danser. Il regardait la vie, sans tenter de la saisir, il la matait comme un PDG materait sa nouvelle secrétaire. Le désir, l'excitation, l'envie de voir ce qu'il se passe sous la jupe de la nouvelle demoiselle.

Comme le regard perdu d'un enfant naïf et innocent.

Son regard était pur, mais ce n'est pas ce qui m'attira chez cet inconnu.

Je m'assis à côté de lui.

Il ne tourna même pas la tête vers moi. J'étais transparente. C'était bien la première fois que cette sensation me parcouru l'échine. Je détestais ça.

«  Emy. »grognais-je.

«  Pardon ? » répondit-il.

«  J'm'appelle Emy. »

« Noir. Appelle moi Noir. »

« Pourquoi noir ? T'es aussi pâle que mon c.. »

«  Eh ! Emy ! »

Oh non pas lui.. Ed' était de retour. Toujours avec sa gueule de camé abusé.

«  Ed', fous moi la paix. »

Il tourna les talons et partit.

« Noir ? Pourquoi ? »

«  Le noir te fait penser à quoi ? »

«  La nuit, j'dirais. Mon âme. L'épicier de la rue Exupéry. »

Il ria.

C'est là que je découvris ce qui me plairait le plus chez lui..

Ses dents. Des canines pointues et acérées.

«  Je suis Noir, comme tes futures dents après ta surconso de came ma jolie. »

Ma jolie.. Me trouvait-il réellement jolie ?

« Haha, très drôle. » ironisais-je.

Il s'approcha de mon oreille.

«  Je suis bien plus noir que n'importe quelle âme résidant sur cette planète.

« Impossible. »

«  Je vis en règle de trois. Je calcule mes actes en fonction des dommages et intérêts, des avatanges. Et ce cercle, manipulation et excitation du risque, forme ma petite vie. »

«  Que fais-tu ici ? »

«  A cette question, 98% des garçons présents ici te répondrais «  j'veux chopper de la gonzesse », 1% te répondrais, les yeux rouges, la bave dégoulinant, «  c'est de la bonne », et moi ? J'étudie. »

«  Et qu'étudies-tu ? »

«  La vie. »

«  Comment étudie-t-on la vie ? »

Ce n'était pas vraiment le genre de conversation auquel j'étais habitué à vrai dire. Ce mec là était.. Particulier. Je voulais que jamais la nuit ne s'arrête.

Il sourit et j'aperçus ses canines. Mes tempes devinrent folles.

«  La vie, c'est pas un truc que t'étudies dans les bouquins, tu peux même pas étudier ta propre vie, ce serait comme essayer de donner de la salade à un tigre, ce serait comme apprendre à lire les yeux fermés. Tu vois.. La vie c'est pas une fleur, ni même un roseau et encore moins un humain. La vie c'est le lien, la porte que l'on ouvre, ce n'est pas un sentiment ou une émotion, c'est bien plus que ça, la vie ce n'est pas l'oxygène ni même l'amour. La vie ce n'est ni toi, ni moi, ni le barman ou le dealer au coin de la rue. La vie, c'est, ce lien. »

« Et que contient ce lien ? »

«  C'est la raison de ma présence ici. »

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