Nos coeurs en désaccord

redstars


Pensées du 19 octobre 2017

 

Tu me fais si mal… si seulement tu t'en rendais compte. Mais pour toi, je suis celle qui a toujours tort, quoi qu'elle dise, ressente, demande, non, je n'ai pas de crédibilité, quoique je fasse.

 

Au fond, cependant, je sais que toi, tu n'en sais rien. Que veux-tu, peux-tu me le dire ? Sans joker, en face à face, sans me sortir de je-ne-sais-pas ? Avoue que tu ne sais pas, avoue que tu n'en sais rien. Que tu hésites, comme une abeille qui volète de fleurs en fleurs, après tout il y en a tant… ou trop de plats sur la carte du restaurant, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ainsi ?

 

Je suis sciée en deux, en trois, en quatre. Mon cœur se protège en prenant de la distance. Je n'ai pas le choix si je veux te survivre, et qu'importe si tu as ce sentiment, que je te fuis, et qu'importe encore, parce que si ma passion continue, alors je vais m'immoler, un matin ou un soir, là, sans crier gare.

 

Alors oui, je m'isole. Mais ai-je vraiment le choix ? Et puis, outre un écran, que pourrions-nous partager ? Tu n'aimes pas discuter. Moi si. Je parle, je parle trop. Quand je me tais, tu sais que ça ne va pas. Ca fait plusieurs semaines d'ailleurs que je ne raconte plus rien, puisque je m'enferme ou dans la chambre, ou dans le bureau. J'y repose mon corps et mon esprit pollué de douleurs variées. J'y écris, j'y dessine, j'y lis, j'y dors… sans toi. Je sais. J'ai ma part de responsabilités. Mais que veux-tu. J'ai mal. Et l'isolement est pour le moment une des seules réponses que j'aie.

 

Tu t'énerves de mes « extrêmes », d'être incapable de trouver un « juste milieu ». Tu me dis collante comme de la glue, puis froide comme la glace. Mais dis-moi alors quoi faire, parce que des efforts je ne fais que ça, alors peut-être que non, que je ne connais que le noir et le blanc, apprend-moi alors à mélanger les deux, parle-moi donc de ce milieu. Fais moi la remarque, si je vole du noir au blanc, du blanc au noir, rattrape-moi, plutôt que de te taire.

 

Je m'échappe sans nul doute pour retrouver ma carapace, c'est ainsi, c'est comme ça. Sans elle je serai bientôt réduite en miettes minuscules, à peine visibles au microscope. Que la vie de couple est compliquée, que notre vie de couple m'a épuisée.

 

Sais-tu que je n'ai plus la moindre envie, que je pourrais passer mes journées au lit, là, sous la couette, là, dans le noir, avec pour seule radio le son de ma respiration saccadée par les angoisses ? Sais-tu que je souffre de cette situation, moi aussi, ou moi seule : après tout, tu ne te confies pas beaucoup.

 

Si tu as tant de regrets, va.

Répare-les.

Et je m'en irai sans rien dire, parce que je suis comme ça, quand on ne veut pas de moi, je disparais sans un bruit. Parce que depuis le début, je savais que je serai celle qui pleurerait. Parce que nous sommes deux écorchés vifs sous le même toit, deux plaies couvertes de gros sel, deux ecchymoses aux couleurs de l'arc-en-ciel. Et ce genre de personnages, ensemble, ça crée des étincelles, des brasiers, des incendies. Mais moi, je m'éteins, en douce. Je regarde ce qu'il reste de braises, sans souffler. Je suis tellement fatiguée.

 

Va, fuis, vole vers elle. Je ne veux pas de toi si c'est à elle que tu penses. Alors va, va lui dire, ou veux-tu que je m'en charge ? Le pire, est d'oser réaliser que j'en serais capable. De vous confronter, de voir si tes sentiments pour elle sont réciproques. Est-ce pour me faire encore plus de mal, pour remuer le couteau dans la plaie, et le retourner pour que le sang gicle ?

 

Je hais les hommes. Je hais tous ceux avec qui j'ai partagé un chemin plus ou moins long. Peut-être devrais-je écrire sur eux. Après tout, pourquoi pas. Noter les douleurs, trahisons, les mensonges et autres séparations.

 

Je suis lasse ou triste d'être un second choix. Un dernier choix. Celle qu'on choisit par défaut. Celle qu'on ne comprend pas. Je me sens si fade, sans saveur, sans relief. Tu as eu trop de femmes qui ont ou marquent ta vie. Je suis à la fin de la liste, bien que la seule sous ton toit. Je sens ces choses-là, même si tu me dis le contraire. Je sais que tu espérerais davantage, ou que tu espérerais autre chose.

 

Au début tout est toujours beau, hein. Sauf pour nous.

J'aurais dû fuir, au début, j'étais si malheureuse que tu me fasses bien comprendre que je lui… volais sa place. A celle qui t'avait brisé le cœur sans sourciller, mais dont tu ne te rappelais que des jolies choses, visiblement. J'en ai bavé, j'en bave encore, mais tu me le répètes : tu as tort. A croire que tu as déposé un brevet, pour avoir tout le temps raison. Les illusions sont tenaces.

 

Ecoute-moi, ne te contente pas d'entendre le son de ma voix. Ecoute ce que je te dis. Ecoute la douleur que je veux rendre plus visible.

 

Oui. Quitte à aller mal… je vais tenter de faire revenir le corps sans formes, parce que je suis lasse de mentir, de dire que ça va, ou de te l'entendre dire aux autres : ça me fait encore plus mal, ça, quand tu leur dis que tout va bien… Peut-être qu'avec je ne sais combien de kilos de moins, ma souffrance se verra enfin aux yeux de tous. Mon corps criera à ma place, puisque je me résigne au silence. Je n'ai pas d'autre arme, d'autre moyen, d'autre solution, que de faire hurler les os.

 

Peut-être qu'un jour je m'enfuirai, pour de vrai cette fois. Mais je ne connais pas l'avenir. Je sens juste que nos écorchures ne s'accordent plus. Alors je vais retourner dans le lit, rêver de mes idées noires, celles qui sont toujours là, et qui me jurent de ne pas avoir peur, que mourir, c'est pas si dur que ça… Après tout, c'est aussi une possibilité. Voire une probabilité. L'avenir nous le dira. En attendant, je ne respire plus. Là, sous la cloche de détresse de Sylvia Plath.


  • Émouvant et profond. C’est bouleversant

    · Il y a plus de 6 ans ·
    A5b1a620 6f2c 4648 b413 b4f8ba611e28

    nehara

  • navré de toute ta souffrance
    l'impression qu'il ne cherche pas à t'épargner

    avez vous déjà pensé, tout les deux, à une therapie de couple ? ou bien est ce illusoire utopique et inimaginable ?

    si tu lui fais lire ce texte, peut etre même surement qu'il commencera à comprendre, hein, entre deux parties de jeux vidéos on sait jamais

    et toi, est ce que tu t'aimes, même un peu ?

    ça m'énerve qu'il pense encore à cette fille c'est un immense manque de respect, ça m'emmerde qu'on puisse imposer ça à qqun


    protege toi

    · Il y a plus de 6 ans ·
    33

    torpeur

    • S'il me lit, il va s'énerver. J'espère des lendemains plus joyeux. Merci de ton passage, ne t'en fais pas, j'ai retrouvé ma carapace....

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Zt245dd

      redstars

Signaler ce texte