Nos Nuits

Ferdinand Legendre



Et la peau abimée par des nuits imbibés,
De petites croutes et griffures,
On ne sait d'où elles viennent, on est plus vraiment sur,
On est moins décidés.

Et moins que des idées plutôt des souvenirs,
On y pioche fragments, échos, pensés avides,
Regards de travers et bus à moitié vides,
On garde sous la peau le meilleur et le pire,

Dans le souffre et le vin on veut aller au bout,
Tenant les uns aux autres et pour ne pas tomber,
On préfère à la farce de torses bombés,
Les amis les plus doux.

Entre ses lèvres enfin lorsqu'il est moins facile,
De voir perler de l'ombre où gorgé de plaisir,
L'ivresse du serpent fait risqué le désir,
Dangereux battements d'cils.

Nos échecs de nuits seront moins exposés,
La confusion des sens celle des sentiments,
Nos rêves plein d'essence s'embrasent intimement,
Illuminent la ville censé se reposer.

Et nos corps de nuits finissent à même le sol,
Tangue la balustrade elles ne tiennent qu'à un fil,
Ces phrases que l'on brade, quand il est n'est pas facile,
De dire car nos mots collent.

Et marchant dans le feu je ne connais l'ennui,
Le givre se dépose peu à peu sur ma route,
Mon souffle est tant fumée, ma tête autant de shoot,
Je finirais à terre jusqu'au bout de la nuit.

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