Notre Pompeï

alexandra-basset-9

Hier, j'étais sûre de moi. Je l'aimais toujours, je pourrais retrouver l'amour fou que j'avais pour lui si nous nous respections mutuellement. Je l'implorais de revenir sur un fond de manipulation sentimentale qui s'exerçait à mes dépens. Vraiment ? Aujourd'hui, je ne sais pas. Est-ce une bonne idée de se revoir, de retourner le terreau du passé à la fourche pour oxygéner nos souterrains ? Je ne sais plus. Est-ce que je serais capable de l'aimer comme la première fois ? Est-ce que je ne vais pas me heurter aux mêmes murs de tourments et de lassitude ? Cette fois-ci, est-ce de l'amour ou un besoin de réassurance ? Hier j'en étais sûre, aujourd'hui, je ne sais plus. J'en étais sûre car il ne semblait pas l'être, il était hésitant. Il fallait que je l'aliène pour qu'il vienne. Mais pourquoi ? Parce que je l'aime, oui, sans être sûre que je pourrais l'aimer comme il le mérite. Cela n'est pas juste. J'ai besoin de vérifier qu'il m'aime toujours. Je ne peux décemment pas le laisser partir dans les bras d'une autre, hideuse de surcroît, seulement deux mois et demi après notre rupture. J'ai envie de retrouver un temps révolu, un temps dépassé, périmé, pourri. Que nous revivions l'amour planant des deux premières années de notre histoire. Est-ce qu'à vouloir trop planer je ne vais pas finir par nous scotcher contre les barrières de la désillusion ? Ne nous enfermons pas dans une prison qui ne veut même plus nous détenir et dont les murs s'effondrent. L'alarme se déclenche, tout le monde sort. Sauf nous. Sauf moi, qui te retient par le bras et t'empêche de t'enfuir. Si les débris me tuent, je ne serais pas seule. Tu dois m'aider. Nous pouvons reconstruire l'édifice. Allez, s'il te plaît. Pierre par pierre, même si elles s'effritent entre nos doigts, rattrape les graviers. Il faut faire du ciment. Tu sais en fabriquer ? C'est la seule manière, de tout consolider, d'empêcher l'effondrement. Oui, c'est ça, il nous faut du ciment, du mastic, du solide. Des échafaudages pour prendre de la hauteur et observer notre chute sous une nouvelle perspective. Trouver les points fragiles pour mieux les renforcer. Il faudra réquisitionner ta maîtrise des conventions spatiales et mon sens du détail. C'est le seul moyen, pour préserver les ruines de notre amour et les restaurer, leur rendre leur superbe d'antan, auréolée de la modernité des jours à venir. Notre Pompéï ne fondra pas sous la poussière, nous le rebâtirons en respectant ses fondations et en utilisant de nouvelles techniques de construction. Et les rires à nouveau résonnerons entre ses ruelles, le soleil dorera ses recoins sombres.

Viens, et nous verrons.  

  • On peut toujours espérer, mais ce qui est enfui ne revient jamais ! On peut toujours chercher la grâce des premiers instants, des premiers jours ... Très beau texte et pardon pour mon pessimisme !

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

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