Nous avions

 Nous avions des coeurs de gosse, des coeurs de môme, chaque jour qui passait était volé à  une vie écarlate,  pendant l'été nous étions les enfants du soleil, nous comprenions des choses d'adultes avec nos yeux d'innocents hébétés, impuissants, les grands parfois sont des imbéciles patentés, nous avions l'accent des étrangers dans leur pays d'origine. Chaque photo était précieuse, surtout celles à la mer, les plus rares, les plus belles à mes yeux, je n'étais pas sur ces photos, je n'étais que spectatrice, le retour des vacances sentait le pays, un parfum d'origan et de  bon pain de là-bas, brun comme les "gens" de là-bas, nous ne pouvions oublier... "Quand reviendrez-vous?" était la question à poser pour ceux de là-bas, nous ne savions que répondre, grâce à mes parents et leur mode de vie, nous n'étions jamais vraiment loin mais  quand même...

Le chaleur d'ici était différente, moite, étouffée, étouffante, prise dans des montagnes qui nous entouraient en permanence. On s'en échappait walk-man sur les oreilles, la tête ailleurs ça m'arrivait. ça m'arrivait. J'ai toute une collection de souvenirs dans mon coeur de môme devenu un peu adulte, différentes périodes peuvent se mêler entre elles pour donner les textes que je produis, c'est comme si le temps était élastique, interchangeable, comme si la pièce d'un puzzle pouvait prendre la place d'un autre, quand on écrit, c'est possible, c'est la magie de la composition qui retranscrit les choses comme elle nous viennent, comme on les ressent dans l'instant présent ou passé.