14 février

alexandra-basset-9

J'étais tellement bien, cette nuit-là, les neurones saupoudrés à la MDMA. Pleine nuit ou petit matin, dans les rues de Londres, avec ma soeur et Alina, une tête de lapin rose en guise de bonnet. Je distillais mon amour de l'absurde à qui voulait bien en rire. Je dansais aux sons des gyrophares des voitures de police, au son des petits pas d'Alina qui gigotait pour se réchauffer. Je dansais dans les bus, j'y vomissais aussi, dans un sac en plastique que j'accrochai à un arbre en sortant. Un cadeau du ciel pour le passant qu'il éclabousserait lorsqu'il se détacherait de la branche. J'explorais la ville depuis le second étage du bus, où nous étions assises. Ma soeur et Alina, fatiguées, riaient. J'étais  heureuse. Mes sens s'étendaient comme des tentacules pour prendre possession du décor gothique de Londres nocturne.

Ce bonheur d'artifice dans lequel je me catapulte est la soupape qui me ravive lorsque je suffoque. Je dégringole sur le versant merveilleux du monde, oubliant pour une poignée d'heures son lugubre envers. La chimie me désamorce et je le lui rends bien  en témoignant d'une joie sidérante.

La nuit existe toujours : le bonheur est encore possible sur le revers des jours à venir.

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