Nuits à danser 3
thib
Le jour venu sauras tu toi tout dire
Tout avouer de la rosace humaine
Toi de ton fauteuil d'or avec ta chair cruelle
Contempteur visité d'un passé qui torture
Qui ne t'a pas suffi qui ne t'a pas aimé
Sauras tu concevoir qu'un oiseau
Qu'un chêne une pierre ou un homme ont tous droit de parole
Droit de rire droit d'avant droit de voir
Sauras tu tu le saurais peut être
Si je t'avais mieux connu
Si dans tes yeux les miens s'étaient fermés
Tu saurais que l'écume de la nuit c'est l'aube
Et qu'à l'aube un visage
N'a pas encore de nom
Tu saurais que les cendres soufflent sur le feu
De leurs caresses de leurs forces soufflent
Et que le feu c'est toi
Qui te disperse qui espère qui sait qu'il se trompe
Et qui est soulagé de se tromper tu le sauras sans doute
Un peu plus loin que le soleil
Là où midi s'apaise dans un vent qui chante
Quand on t'aura trouvé ébloui d'herbe et de vin noir
Quand on entendra chauffer les empreintes du ciel
La vie des feuilles la vie des plumes
Des rêves qui y passent leurs bienfaisantes ombres
Oui tu sauras tu sauras voir tu sauras dire
Quand nous t'aurons tenu quand tu auras reçue la main
Que tend la branche au bout de son oiseau
Tu sauras mouvement ta tête éclatée et entière
Tout ton corps dissipé tes propres cendres
Coulant dans un lait de fumées vers l'horizon
Et tu révèleras la racine du matin
Où le soleil en se couchant fait confiance à la terre
Toi le verdier le chêne
La pierre ou la parole
Mon père mon frère et mon fils
Ma mère ma femme ma fille
Qu'importe c'est à l'aube
Que la confiance te recouvrera d'un nom.
*
La mer est une goutte dans le ciel
Et le ciel a l'éclat de tes yeux
Tes yeux qui ont défait dans la lumière
Tout ce qu'ils ignoraient de nous
Tes yeux que l'amour veille
A ne jamais laisser dans l'inconscience
Ont vérifié pour nous la majesté de vivre
Tes yeux qui dorment bruissent dans mes rêves.
*
Quand il fut mort il se leva
Car alors tout recommençait.
*
Dans son visage silencieux
Où la bouche fleurit le sang s'en prend aux lignes
De la vie lumineuse comme la main d'un potier
Et l'équilibre des forces rompu
Trouve un refuge temporaire où les mots font l'amour.
*
Miroir vieux chiffonnier
Je t'ai ouvert la fenêtre
Et les femmes qui espèrent te remplir
Ne seront pas celles qui te brisent.
*
Il fait un temps d'aveugle il fait un temps à boire
Et sur la cohue bleue des ombres dispersées
Et sur le joint léger des mots de nos maisons
Tu as le corps de l'eau le corps clair de tes yeux
Nous sommes confondus nous sommes l'eau qui coule
Vivante
La flamme de ta peau que l'avenir a pris
Toi tu me l'as rendue ton sang se mêle au mien.