Objectrice

Il y a quelques décennies, on parlait d'objecteur de conscience.

Je n'objecte rien. Sur pas mal de sujets. En conscience.

Mais je suis l'objet d'une prise de confiance.

Je me sens objectrice de moi-même.

D'une partie de moi-même.

J'objecte être sous influence.

Bachelard a dit que loin de s'émerveiller, la pensée objective doit ironiser.

J'ironise. Vainement. Je m'ironise. Inutilement.

Je me laisse entraîner pour être moins objectrice.

Je réprouve ce que j'éprouve. Et ma raison ne peut rien objecter à mon corps.

Je lui réfute que mon corps a bien le droit de ne rien objecter.

Mon corps proteste, mon sexe réplique, ma sensualité s'oppose à ma raison.

Pour me faire moins d'objections, je fais taire ma raison..

Combattre mes objections pour lutter contre des fantômes.

En conscience, je me demande pourquoi combattre ces fantômes

puisqu'ils m'ont séduite, envoûtée.

Je tente de ne plus réprouver ce que j'éprouve. En toute conscience.

En toute conscience que je glisse sur la pente d'un érotisme non-objectif.

Je m'objecte que ce n'est pas pour moi.

Je me regarde, je m'aime bien et je pleure de m'ironiser.

Je ne me regarde plus, je pleure toujours, ça ne sert donc à rien.

Mon corps proteste, il réclame ces ébats.

Mon sexe réplique, il pleure après ces folies.

Ma sensualité dépérit si je continue à faire d'hypocrites objections.

Je me regarde, nue jusqu'aux plus fous désirs.

Je le regarde sans le voir mais en le désirant. En toute confiance.

Pourquoi donc ne puis-je cesser de m'objecter que ce n'est pas pour moi ?