Ombre.

Il était là,
Assit près de moi,
Tapit dans l'ombre,
Son râle sourd, aussi assourdissant qu'une bombe,

Il creusait ma tombe,
Faisait en sorte que je trébuche,
Que je me rate, que je tombe,
Il parsemait mon chemin d'étroites embûches,

Ce démon là ne me laissait jamais en paix,
Il n'était même pas armé,
A vrai dire, je ne sais comment il m'hypnotisait,
Mais de ma chair en charpie, de mon cœur en lambeaux, de mon âme, bousillée,

Il a raclé tous les pores de ma peau,
Et je crois bien que j'en suis devenue accro,
De cette présence superficielle,
De ce sourire malsain qu'il avait en me jurant devant l'Éternel,

Qu'il était fils de Satan,
Et que depuis si longtemps il attend,
Que je le rejoigne dans les cieux,
Qu'il m'aimait seulement pour mes beaux yeux,

Teintés de couleurs, parsemés de spleen,
" Tu es ma seule et unique copine",
Me répétait-il, incessamment,
Et moi dans ce feu si ardent,

Je me suis brûlée,
Mon corps calciné,
M'avait-il un jour réellement aimé ?
Si oui, pourquoi m'avoir assassiné ?