OPHELIA

Susanne Derève

Le jour ne s'est pas levé ce matin.
Ce n'était peut-être que la nuit qui s'accrochait
Au vent,
Au souffle du désert chargé de ses scories de sable.
 
Ce n'était sans doute que la nuit déversant,
Sépia, couleur de cendre,
Les émanations des terres calcinées
De Coïmbre, d'Abrantes,
Charriant jusqu'à nous l'haleine des brasiers.
                                                                            
Suivaient-elles  le cours d'indéchiffrables
Marées célestes ?
 
Flux sélénites, miasmes ardents
Arrachés aux terres incultes,
À ces exhalaisons occultes
Que le ciel amassait aux confins de nos vieux continents,
Était-ce donc la nuit que déroulait le vent
 
Nuées fuligineuses, débris parcheminés
Où s'étiolait le jour hâve, et les bûchers
Tel l'essaim lugubre d'un oracle funeste
Imprimaient une mémoire duale un palimpseste
 
Où ne brillait le feu d'aucune étoile.
C'est ainsi que la nuit y déployait sa toile
Qu'aux prémices de l'aube comme un engoulevent
Les œuvres du matin s'abîmaient dans le vent.
  • coïncidence, il y a quatre jours, j'écrivais ce texte...

    -------------
    " nuit somnambule "


    Je vois la nuit somnambule...
    Elle progresse sans rien voir,
    l'obscurité l'accompagne,
    frôlant les arbres, puis déversant son encre.
    La nuit noie tout, et se confond en portes secrètes,
    ouvertes à travers un décor qui transforme
    celui de l'espace diurne .

    Les hommes , pour ne pas la voir,
    utilisent d'artifices,
    en disposant le long des routes
    de petites lumières,
    ou bien des enseignes publicitaires
    qui clignotent, histoire de détourner
    l'attention de la nuit.

    Celle-ci enveloppe les immeubles,
    comme les pierres du chemin .
    Les précipices de la montagne,
    ont devancé l'appel du sombre.
    Peut-être se heurte-t-elle à eux,
    et ne retrouve pas elle-même son chemin.

    Elle pourrait rester sur place,
    ou tourner en rond,
    toujours somnambule
    si un jour le soleil ne venait pas :
    on ne sait pas si elle l'attend avec impatience,
    ou s'enfuit à l'autre bout de la terre .

    -
    RC

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • peut-être as-tu ainsi une réponse à tes derniers vers :)

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • une reine morte, évidemment...

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

    • merci (un ciel qui m'a fait réfléchir, une odeur de brûlé venue d'aussi loin ! )

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Belle dramatisation poétique d'un fait divers écologique que coiffe Ophelia comme une reine apocalyptique.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

  • Quelle recherche ! Qui connait le chant de l'engoulevent ?... Le nom de cet oiseau est déja un poème... Bonne nuit !

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • pour une fois que je verse un peu dans l'écologie :)

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

Signaler ce texte