Orénoque chantait Ganzo

Susanne Derève


 

Un lourd sommeil peuplé de rêves à la dérive

Je voyais glisser sur ses rives   de grands animaux de mer

colorés de rose et de vert à la manière

de Fautrier      Orénoque   chantait  Ganzo

et la jungle tissait  des mots  mêlés   

de longues scolopendres

 

et de ces bois qu'il fallait fendre  ouverts

et sitôt refermés

comme autant de mains qui se tendent

et vous enlacent 


vous voudriez leur crier grâce

mais   vient l'éveil  sans  que s'effacent les images

de la nuit  tremblée  le jour lui-même garde la trace

bleutée  rompue  comme une nasse  

des longs fantômes de minuit

 

tandis que passent et repassent

de grands animaux de mer colorés de rose et de vert

à la manière de Fautrier

qui naviguent  sous les  paupières


et la jungle tisse ses mots

Orénoque   chantait Ganzo …




Illustration :  Jean Fautrier - Paysage (Buissons)

 

 

 

 

 

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