Page blanche

cgo

La journée était printanière à souhait, vêtue légèrement d'un bleu tonique pour ciel, elle faisait nargue aux thermomètres avec cet esprit de revanche si particulier aux téméraires premiers  beaux jours. Les passants lui donnaient la réplique avec leur démarche d'héliotrope hardi, changeant de trottoir pour se couler un peu plus dans un rayon de soleil et zigzaguant  en tentant d'échapper aux ombres froides. C'est la recherche valeureuse et quasi amoureuse des caresses de l'astre encore intimidé. Ce n'était pas non plus sans rappeler la pauvre Flore qui tente d'esquiver le Zéphyr froid et humide de Botticelli que j'avais été voir quelques semaines auparavant à Florence. Sauf que moi, je jouais de nouveau le rôle du spectateur, derrière mes fenêtres, contrainte à observer mais dispensée de participation, tentant de ne pas céder à l'appel, bloquée sur ma page blanche, passant plus de temps à envier les silhouettes en pulls légers et lunettes de soleil qu'à taper mon article.

Signaler ce texte