Parenthèse

Christian Lemoine

Le silence s'est replié comme un papier chiffonné. La paralysie des moteurs, l'apathie des mécaniques artificielles ont fondu dans la libération de l'air. De nouveau, le martyr des oiseaux, l'écrasement des syrinx. Il avait couru sous les nuages quelque chose d'une lumière soudaine, un flamboiement, une douceur d'aubaine fulgurante. Puis l'irraison s'est secouée, réveillée par étapes des coups qui l'avaient assommée. Quelque chose avait couru sous les nuages, un oxymore temporel : le ciel s'était ouvert sur le temps refermé. Un cadeau des anges ? une fantaisie ironique ? ou bien, en toute trivialité, ce trou grotesque dans la nappe serrée par où surgirent d'étonnantes figures ? La raison revenue les a brouillées jusqu'à les effacer. Ne subsiste que la béance douloureuse pour en préserver la trace.

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