Parfumphobie

Les parfums sont toujours pour mon nez un problème. Même les chers, les somptueux, les rares, les artisanaux...

Les parfums autres que naturels et corporels me brouillent les sens, me donnent mal à la tête, vite j'ai la sensation de suffoquer tel un poisson hors de l'eau. 

Trop de parfum chez quelqu'un m'envoie un signal d'alarme. Je pense: que cache cette personne? De quoi a-t-elle peur? Qui est elle au fond? Pourquoi me dissimuler ses ressentis, ses états d'âme, ses pensées sous cette chimie suffocante?

Je sais à quel point la composition de parfums est un art subtil, une science extraordinaire, une équation subtile, sans arriver à m'y faire.

Pour moi les plus beaux parfums sont ceux de la nature, de la mer et du vent, de la marée et des algues, des fruits et des fleurs, du sable et de la terre, des mousses et du bois, d'un chalet de montagne, d'une bergerie, d'une prairie après la pluie, de l'herbe sous le soleil, ce sont des fragrances de foin, de chèvrefeuille et de roses, de lilas ou de jasmin, de pivoine et d'acacia, de la feuille de menthe au creux de la main.

Et puis ce sont les odeurs humaines, celles des têtes des bébés, des creux d'aisselles, des cous, des lèvres, de tout ce qui fait qu'un corps est vivant.

Chaque odeur raconte une histoire, construit un souvenir qui s'ancre. Il n'est pas question de bonne ou de mauvaise odeur, mais de parfum d'amour qui persiste, que ce soit celle d'une personne disparue ou du chocolat chaud de l'enfance, de la compote à la cannelle, des foies de volaille rissolés, de la crème à la vanille, de l'encens de messe...

Et quand tout ça est masqué par un cocktail vaporisé- surtout en grande quantité, même hors de prix, même estampillé d'une grande marque, ça me dérange et me fait fuir. Quand je ne peux pas sentir une personne, au sens propre, donc la ressentir, c'est très simple, je m'en vais. Et quand je me retrouve dans une assemblée où les parfums des uns se mêlent à ceux des autres, mon nez crie au secours et je cours dehors!