Peindre d'une autre façon , que la photographie .

rechab

C'est presque la nuit,
le ciel bascule.
Il part on se sait où,
ailleurs sans doute,
mais pour aller où ?

et moi je roule
dans les couleurs qui agonisent,
juste révélées parfois
à un carrefour
dans la lumière crue des phares.

Autrement, ce sont des ombres.
que je poursuis,
et qui disparaissent, insaisissables,
sans qu'on ne puisse en mesurer
la consistance, avec la vitesse .

Il y a déjà des étoiles,
qui tombent,
verticales,
et d'autres
qui sont horizontales .

Elles se font remarquer
par deux petits points rouges,
parallèlement à la route,
et au loin la ville
dans sa buée orange,

puis le grand pont sur l'eau noire,
les reflets des lampadaires,
et , en amont ,
le bal des néons en bas de la colline,
carrefour d'éclats :

des rouges et de verts
en pointillés,
sur la découpe des immeubles
collés sur le ciel que l'on distingue encore
dans une coulée indigo.

Petit à petit, des petits rectangles jaunes
se découpent parmi eux,
toujours plus nombreux ,
en doubles inversés
sur l'asphalte mouillée...

Il est vingt heures,
je tourne un bon moment
avant de trouver à me garer
sur une placette
aux arbres dépouillés.

Je t'appelle pour te dire
que je viens d'arriver.
      -  Si je t'écris tout ça,
c'est pour le peindre d'une autre façon
que sur une photographie -.

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