Pérégrination

aile68

Moi, j'aime quand c'est décousu, tout bringuebalant, tarabiscoté, comme un géant de carton pâte. Dans mon univers y a pas de demi-mesure, ni de modèle à suivre, on fait comme on veut, on essaye, on teste. Y a des histoires comme on en voit au cinéma et c'est beau, on en reveut, on en redemande. Consulter mon carnet de danses de l'année dernière, ouvrir mon journal intime à la page anniversaires de mes amies, concocter de petits cadeaux pour l'occasion.  J'ai dans la tête des notes de musique cristallines telles des tintements de piano qui se joignent au sifflement de la cafetière italienne. Il est tard, il fait noir, dans mon coeur y a comme une solitude mais je la gère d'une main de maître, enfin j'essaie. Ma solitude m'entraîne vers des champs de création, des roues de vélo tournent sous la houlette d'une baguette un peu folle, y a du bleu, y a du rouge et du jaune comme un soleil là-haut dans le ciel. C'est comme un rêve, un songe éveillé, des pensées qu'on ne contrôle pas! Envie d'un au-revoir, d'un baiser acidulé au goût d'abricot, et puis se revoir. Ne plus pouvoir bouger, on est pris dans ses rêveries comme dans une mélasse sirupeuse, on voudrait avancer mais on ne peut pas et le rêve se transforme en cauchemar, oh non ça avait si bien commencé! Mais voilà qu'un gros orage arrive et je me souviens de cet après-midi avec une cabine téléphonique pour abri où quelqu'un, un ami aurait bien voulu déposer sur mes lèvres son premier baiser.... Quelle est la frontière entre l'amour et l'amitié? On ne peut s'empêcher de tâtonner, de chercher dans les yeux de l' autre les mots qu'on veut entendre. Se prendre pour des génies, des extra-terrestres, des gens différents, et puis se retrouver seul dans son lit, la tête et les idées bringuebalantes qui ne tiennent pas debout. Dans un coin de la chambre mon carnet de danses et mon journal intime à la page anniversaires, seuls espoirs d'un au-revoir et puis vraiment se revoir.   

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