Péripatéticienne.

mayu

Photo: Edouard Chimot.


Une gouttelette salée longeait son visage aigri et blême. Comme à son habitude elle tremblotait, tenant du bout de ses doigts décharnés son énième cigarette qui laissait jaillir de minuscules étincelles, seule source de chaleur écrasée par la brise glacée qui survolait l'atmosphère. C'était la 10ème aujourd'hui, une après chaque affaire.

Recroquevillée sur elle-même, dévêtue de ses vêtements, le froid était là sa moindre occupation. Elle éteignait la lueur de la bougie avec ses deux doigts, sa besogne était faite. Son esprit était tourmenté par les multitudes d'images défilant chastement. Elle y revoyait tous ces malfaiteurs disgracieux remplis de mauvaises graines coincée dans ce cercle vicieux répétitif, impuissante et condamnée à subir cet acharnement consécutif.

Que pouvait-elle faire depuis sa camionnette ? S'enfuir ?

Cela reviendrait constamment au même calvaire. Cette dernière n'ayant pas un sous pour se nourrir elle était contrainte de se laisser détruire et poussant sa conscience à ne plus reconnaître que le mépris de la vie qu'elle vivait en compagnie de cette amertume toxique. Des âmes comme celle-ci se perdent dans leur malheur, affectées par l'amnésie du sourire et de la joie. Et nous savons tous la fin de l'histoire.

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