Périphérique

Susanne Derève

 

 

Je dédiais des Voiles  au vent

à des hommes  qui mettaient les voiles

Je n'espérais rien des écritoires du temps

il ne rend jamais  la monnaie     piécettes

de fer blanc     obole

 

Je donnais la mienne au passant

dans sa casquette      son verre fêlé

sous le menton    fichu croisé    barbe

des jours sans eau

à même le pavé  aux portes des bistrots

du boulanger    voix de grelot   quêtant

l'aumône

 

Je jetais les mots au fossé

les crues ne me rendaient rien que

la boue

gisait  le carton détrempé

des rues désertes sous la pluie

les mots ne servaient de rien

 

Même la misère de Paris

ceinturait la ville     de détritus

huiles       papiers  gras

océan d'immondices   à la dérive

dans les virages on rapiéçait la vie

et nous prenait-elle en otage

 tu m'avais dit que oui


Ces  voiles tressés   inutiles

le son du saxo  un mirage

comme un rêve floué   alors dérouler  la toile

y peindre ce qu'on aurait voulu voir

la recouvrir d'un noir Soulages

et comme on ment

tout effacer

 

 

 

Illustration : Wayne Thiebaud - Interchange

 

 

 

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