Petit homme

Gabriel Meunier

nous avons tous en nous une parcelle de bonheur ; soufflons sur cette braise
Enfant tu sautais par dessus les ruisseaux
Maintenant tu tiens les murs tu traines tes savates
Gamin tu croquais pommes tartines et chocolat
Maintenant c'est purée beefsteack haché
Adolescent tu tirais les sonnettes de ta rue
Maintenant tu bougonnes tu chevrotes tu radotes

Des matins de printemps
Au crépuscule d'hiver
Qu'a-t-il pu se passer
Pour que tu laisses
Ta joie s'envoler
Te quitter ?

L'orgueil t'a fait croire aux merveilles de tant de belles sciences
Toutes furent suivies de vols de guerres et de crimes
La honte des échecs t'a mené doucement aux pires mensonges
Il n'y eut plus que vérité officielle papier glacé masques dérisoires
La peur t'a fait murer propriétés renforcer mille et une barrières en frontières
Exclure refouler bannir les faibles les autres les inconnus

Petit homme
Tu n'es pas seul
Prenons la peine de sourire
Prenons le temps de nous arrêter
Donnons nous la main pour un instant
Donnons nous un peu d'espoir pour ce soir

Qui est supérieur ?
Tant d'échecs à relire
La vie doit-elle être un combat ?
De quel droit exploitons nous les animaux ?
Apprenons à vivre ensemble écouter partager
Partager ? Couper ? C'est aussi avoir en commun

Petit homme
Tes rides ne sont pas laides
Tes rides sont des traces qui peuvent nous guider
Tu trembles mais c'est pour rejeter le glaive et mieux caresser
Nous devons tendre l'oreille pour tes histoires, aller doucement en ta mémoire
Bannissons l'Ordre, l'ordre commandement, l'ordre rangement impitoyable, l'ordre tyranique

Ce ne sera pas l'anarchie
Ce ne sera même pas l'inconnu
Ce ne sera jamais l'oubli de vous
Ce sera la fin de tant de peines inutiles
Ce sera un jour qui s'endort, promesse d'autres lendemains
Ce sera juste une lueur infinie, au fond des yeux de chaque homme.
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