Philharmonie

Nicolas Pellion

12 avril 2019 (illustration : "Throne" de Kohei Nawa - Louvre)

Premières notes, le piano murmure comme un ruisseau. Les timbales, en sourdine, font résonner la terre. Nouvelles pulsations. Le xylophone affleure. Bientôt les archets glissent à pas feutrés. Les violons quittent les limbes, enhardissent les flûtes traversières. Eclosion du souffle. Les triangles percutent. La grosse caisse enflamme les violoncelles. Vibrations aux tréfonds. L'orchestre touche au firmament, transporte l'âme, l'abstrait du monde, m'éloigne du train et de la foule. Le chœur naît de la partition. Les voix élèvent les battements. Je pense à la fin de ma dernière nouvelle, à la force du texte, aux sentiments des mots. La musique leur fait écho. Accroissement du pouls. Les larmes émergent des paupières, coulent des cils, baignent mes joues. Ne pas retenir le sanglot. Accepter l'instant. Savourer l'effleurement. Je me tourne vers l'horizon, cache la sensibilité, fuis le monde, plonge dans l'éternité, deviens l'univers. Je suis tout. Je ne suis rien. Une poussière. Une constellation.

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