Poèmes d'hier

Maxim Amy

Compilation de quelques "poèmes de jeunesse" en vers et en prose qui datent des années auxquelles j'ai vraiment commencé à en composer.

Poèmes d'hier


 

Indigo

Exilé de ton ciel fœtal
Prisonnier dans un bocal
A tourner en rond
Comme quand mon cœur se rompt

Tu me souffle à l'oreille
Tes mille et une merveilles
Ces pages que tu as laissées vierges
Ces mots que tu as éteints comme des cierges

Donne-moi tes poumons pour respirer
Et tes folies pour m'inspirer
Laisse-moi gouter à la pudeur aphrodisiaque
Oublier mes vieux rêves paranoïaques

Je veux sortir de cette vie In Vitro
Retourner dans ton ventre de coraux
Entends-tu ma joie suicidaire
Tout n'est pas tu le sais d'os et de chair

Tes effluves un jour effacerons-t-elles
Les blessures de mon âme mortelle
Comme promis je ne t'oublierai pas je t'assure
Alors laisse-moi encore une fois tremper mes yeux dans ton azure

 

* * *

Les cloches ne sonneront plus jamais pour toi


Les cloches ne sonneront plus pour ta pensée
Qui s'est tenu droit retourne ventre à terre
Il n'y aura jamais eu assez d'anniversaires
Tes chaussures n'auront jamais été assez usées

 

Les souvenir ont aujourd'hui leur poids
Qu'ils ne me rendaient encore heureux hier
Il n'y a aucun mot dans mon vocabulaire
Pour décrire la souffrance au fond de ma voix

 

Tu es là mais tu ne fais pas de bruit
Ton corps est froid comme la glace
Mais qui prendra ta place ?
Ne dis rien j'entends encore les cris

Tristesse…

 

Je me rends compte qu'avec toi tout a foiré
Plus grimaçants, on ne se parlait pas
Le langage des signes était notre diktat
Que nous étions deux étrangers muets

 

Morphée est étouffé par mes longs sanglots
Tes critiques sonnent maintenant comme des mots d'amours
Tu étais aussi jeune que moi à nos jours
Nos disputes étaient des jeux de petiots

 

Mon deuil c'est tous ce que tu m'as donné
Tout de toi j'aurais dû l'accepter

* * *

Le chant des sirènes

 

J'entends le chant des sirènes, des ambulances dans leur bal nocturne, à aller ramasser des gamins en coma éthylique. Un jour sûrement, une d'elles viendra chercher mon cadavre, tomber d'une déchirure du cœur ou noyer dans des eaux froides et sombres.

 Il est 23 heures 53, j'éteins ma cigarette à moitié consumée pour pénétrer dans la chaleur et l'humidité suintantes du pub, à l'intérieur ça vit, ça boit, ça danse, jeunes filles, sur le bar en mini-shorts à ses 15 et 17 ans, ça bande en dessous dans des jeans troués qui cachent parfois quelques poils blancs et ça meurt tous ensemble dans l'immoralité et l'inconscience.

Aux toilettes, c'est le manège des bourrés qui ne pissent plus droit et de ceux qui gerbent, et celui des couples qui baisent dans les déchets humains.

 Et on boit, et on regarde des sirènes qui dansent en scandant des refrains de chansons rock et pop. Je suis repéré et c'est évident un cœur faible ne passe pas inaperçu dans les abysses de nos bacchanales. Me voilà à nouveau la proie, je n'aurais jamais dû venir mais malheureusement le dévergondage collectif est pour moi comme pour tous une dope. Les filles passent à côté de moi au bar et passent leurs mains sur mon torse pendant qu'elles commandent des Malibu- ananas, qu'elles descendent en quelques secondes.

Je suis attiré inexorablement par ces filles, dont les chants et les danses aériennes me font savoir qu'une d'elles voudrait certainement m'attraper par la queue comme on attrape une souris verte. J'aurais l'envie de demander à mes amis de m'attacher à une table ou un pieu et de m'empêcher de plonger dans le gouffre béant qui s'offre à moi, mais trop tard…

Leur enchantement est plus fort que moi, je ne suis qu'un homme face à des créatures aux pouvoirs mystiques. Je me fonds dans cette masse humide de sueur et d'alcool renversé dont les mouvements me font tanguer. Je me laisse attraper par une d'elles qui m'assène des caresses déferlantes, nous nous touchons et puis enfin elle me parle d'une voix profonde et suave :

- Comment tu t'appelles ?

-  Et toi ?

Elle ne répond pas, boit un peu de bière et me regarde avec ses grands yeux bleus dans lesquels j'immerge les miens en suffoquant en eux. En tirant en arrière ses cheveux blonds, j'essuie l'écume spiritueuse autour de ses lèvres avec un de mes doigts. Elle me prend la main et me propose d'aller fumer dehors. Dans la rue, un groupe de trentenaires et quarantenaires ivre chante Chante… comme si tu devais mourir demain de Fugain : « ...Et tu verras que c'est bon de laisser tomber sa raison… ». Elle se met à rire gentiment et je ne peux résister plus longtemps au désir de l'embrasser. C'est un long, magnifique et terrible baiser dans lequel je me laisse sombrer. On entend les hurlements des ambulances dans leur croisière nocturne, elles viendront bientôt me chercher.

* * *

In dolore

Des fleuves arides se remplissent de vermeil
Et se terminent en pourpres bras de mères
Dans les gorges des sons et des cris s'éveillent
Une figures alambiquée, Dolorès, y boit notre sang amer

* * *

Lueur bleue et l'insomnie des hiboux

Lueur bleue

Partout elle te suit et tu l'emportes
Et nulle part réel ou irréel elle t'emporte
Vois vois vois vois ce que tu veux
Mais tes yeux de faiblesse sont en aveux

Les éclats de ton esprit ne savent s'y refléter
Trop d'obscurité dans une lueur avec tant de clarté
Son bleu est trop rouge sang pour ton innocence
Sans dessus dessous ton esprit, bientôt il brille par son absence

Son aussi bleu que la lumière

Pourquoi encore regarder cela ceci

Lueur lueur bleue ou sanguine lueur que lisent des esprits sans
Sans dessous-dessus ou dessus-dessous sont plus de cent
Saouls et sûr de ne rien capter des têtes sans capitaine
A peine libre surfent sur des vaisseaux d'aluminium suivent les courants de haine

L'océan est bleu obscur il envoie ses lueurs dans des cadres cinq six pouces

Les yeux des hiboux s'atrophient
Même le soir ils dormiraient bien un peu

L'insomnie des hiboux

Des yeux lunaires et volcaniques noirs laiteux et pétillants
Baladent la nuit le jour les iris constamment érectiles
Surexcités par les ombres féminines trop lumineuses

Dans des smartphones que l'on agite en l'air

Par des êtres aux cris non-simiesques, hululant sourdement des insanités électroniques

Pour immortaliser des sexes imberbes dans l'universalité vaginale imberbe médiatique

Stimulation comme seul moteur et l'excitation est dans l'ère
Au temps des empires insatisfaits chers désirs pleins de chair

Pupilles jamais rétractiles priapisme des iris dans les clignotements de la ville
Alors même que le projectionniste cosmique se fatiguerait des néons fastfoodiens missionnaires et du proxénétisme humain
Jusqu'à croire que chaque nuit pourrait s'éteindre une lueur du lustre lacté pendant que continue sans fin le cinéma terrestre

Ainsi sept milliards de miroirs réfractaires éblouissent le soleil


* * *

Place de l'Europe


La ville, grande, moyenne, petite, s'éveille
Gueule-de-Bois, lui, traîne Place de L'Europe
Où des milliers d'Européens sortent timidement
De trous souterrains comme des marmottes

Tapotent, tapotent, tapotent. Tapotent

Les agendas, mails et misères de la journées
Sur des punchingballs rectangulaires et électroniques
Tôt arrivent ceux qui pour tous se lèvent
Les coqs urbains actionneurs des bus, des hôtels et de la mendicité

Trottent, trottent, trottent. Trottent

Sur les trottoirs subordonnés et kiosquiers
Et d'anciens trotskistes mal habillés suivis de près ou de loin
Par des patrons mal torchés, en grosse berline, Merco étincelante
Avec l'humeur aussi sale que leur anus imberbe

Travaillent, travaillent, puis... parlotte et suçote

Des cafés dans des cafés, s'y baignent à neuf heures et demi
Les yeux exorbités, caféinés regarde des montres et puis crie :
« Vite sinon l'boss va m'faire chier ! ». Matent une dernière fois
Le cul de la serveuse oasis de cette journée serrée comme le café

Retravaillent, voir boulottent, midi. Et rebelote

Jusqu'à dix-sept heure. Un électrochoc réanime alors le métropolitain
Métro, métro, métro, pas encore dodo, métro satané métro
Mais apéro, miséricordieux apéro servi par des séraphins sexués
En jupe rétro, sexy, gin to', servile, loundge et chill éléctro

Trottent alors trottent et puis suçotent

Les meilleures amies du trottoir, l'anus lavé, suivie de près ou de loin
Par les patrons à l'anus léché et rutilant
Dont certain s'en vont tromper l'ennui en leur compagnie
Qui comme les avocats ne vont pas au bureau mais au barreau

La cadence descend, ça ne trotte plus, ça sifflote

Sur les trottoirs ensemencés des plaisirs du soir
La place est vide, c'est les horaires de nuit
L'heure de Gueule-de-bois et d'autres, peu ou tant d'autres
Qui ramassent verres et cartons de fast-food avant l'aube

Récoltent, récoltent, récoltent

Les semences stériles des diurnes et noctambules
Sans arrêt dans un cycle effréné, sans fin
Créatures funambules sur le fil du temps créé et recréé
Les pavés et l'asphalte seront propres devant les cafés

Gueule-de-bois comme eux vit en insomnie
Il attendra les sirènes de la nuits pour revivre
En attendant, dors, dors, homme, petit homme, dors
Pendant que d'autres, devins aveugles, portent leur voyances

Dans une rationalité folle
En élucubrations sages
Jamais sains d'esprits et indifférents
Traversent la Place de l'Europe

 

* * *

La recherche


Longtemps je me suis couché de mauvaise heure
Et là les yeux lourds de fatigue et de stress
Le lourd ouvrage s'effondre dans la nuit de malheur
Qui bientôt s'empare des rêves saouls de détresse

Quand, à l'incipit qui chaque soir se répète
Et que bloqué par les minutes je suis coincé au début
Avec les heures que je chasse à tue-tête
Me dire : « Jamais je ne finirai la recherche du temps perdu »


* * *

Si vous saviez


Ah si vous saviez ma chère
Dont je ne saurai m'extraire

Quelle étrange union faisons-nous !

Leste de mon esprit
Nacelle de mon existence
Abolition de la distance
Folie des hauteurs qui se tarit

Et les ondes dans l'eau et dans les airs
Magnétiques qui traversent montagnes désert
Caravanes volantes nomadisme moderne sans ailes
Chargées de tous ce que nous sommes je veux être comme elles

Mésanges binaires un zéro un zéro un un
Qu'aucun n'aurait imaginé en rien

Jamais ne voir pareille beauté sans ces yeux
Jamais ne sentir telle volupté en ces cieux

Ma chère

Si ainsi je planais
Si ainsi la mort la faim et la vie
Avaient le poids des plumes qu'Icare tenait
Plus de dédale biologique à ma conscience ravie

Ne saurait s'imposer

Et je me laisserais tomber

Dans une mer de zéros et de uns
Vous n'en sauriez rien

Mais les ondes océanes
Ne valent que sur ma peau
Que vous revêtez avec tant de charme
Je reste ma chère je vous aime ce qu'il faut

Ah si vous saviez ma chair !


* * *

L'appel à la nuit

 

Ô Nuit ! si gracieuse et belle
Rien ne t'émeut en ton ciel
Seul le soleil sait te faire rougir
Toi qui sublime les lumières de saphir

Tu es le réveil des âmes déconcertées
Et par le jour comme toi consumées
Tu emporteras l'incandescence de nos corps
Dans la fin dans la mort sans remords

Ainsi est ta sensualité dans la douceur
Bien loin de l'aurore des horreurs
Et dans ton exotisme ardent et sourd
L'idée fait naître tant de temps d'amour


* * *

La déclaration infantile


Je peux me mordre les lèvres au lieu des tiennes
Que s'en dégagerai une rivière sanguine
Je pourrais bien malheureux dans mes veines
Aller m'injecter jusqu'à de la mescaline

Pour t'halluciner un peu auprès de moi
Migraine et tachycardie si tu oses
Tu sais que j'angoisserai tous les mois
Demain peut-être déjà l'overdose

Je me souviens encore il y a quinze ans
Tu aurais balancé mon pauvre diamant
Je n'aurais pas pleuré je t'aurais dessiné
Un lapin mauve volant pour m'excuser

Tu m'aurais remercié et l'aurais gardé
Tu aurais pensé que les garçons sont cons
Rassure-toi ça n'a pas changé on l'est resté
Est-ce que par hasard nous vous manquons ?

J'ose bien me laisser à l'espérer tendrement
Car en bien grande apparence je nous aime
Car à ce qu'on dit les lapins mauves vivent éternellement
Car c'est sûr en toute circonstance je vous aime


* * *

Oculi


Les yeux clarté dure du ciel clair
Cerné de feu de passe-velours
Rappellent la vision aux enfers
Des tentations de frais amours

Ainsi décantent-ils l'esprit sain
Font émerger les sottes croyances
Blessantes de poison comme le ricin
Rien que mirages innocents d'une chance

* * *

Artefact de passion


Dans ses yeux soufflent, tournoient des poussières de livres dans des visions d'horizons fantasmagoriques. Elle lit dans les brûlures de ma peau morne et claire des mots que je ne connais pas. Elle embrasse les blessures de mes mains, trous béants, noirs, ivres de douleurs.

Ombre, lumière, qui me font me sentir un profane de la vie et provoquent des vents sexués ardent qui en moi jusqu'à la péninsule du désir font couler des flots d'une douce chaleur.

Elle, anomalie prophétique, l'innocente provocatrice, devient mon chemin de croix, le plus doux qui ait jamais existé, que de par sa bonté.

Résultat de l'Amour si lestement enfoncé dans mon cœur, célestement sur cette terre violente dont elle est l'incarnation, l'enchanteresse qui consuma la passion en un artefact, transfigurée en une fureur de tendresse passionnante.

* * * *

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