Porte ouverte

Christian Lemoine

Une porte s'ouvre, son regard blanchi plonge dans des profondeurs indistinctes. Les gonds ont grondé, peut-être, quand l'huis lourd a offert ce passage. Qu'importe, la couleur du bois, les pierres marquées de chair qui encadrent le chambranle ! Une porte s'ouvre. Qu'importe, les ongles crispés sur la joue meurtrie, ou la voix qui s'est engloutie à hurler dans le silence ! Nul judas, nulle chevillette, nuls loups voraces, nuls ogres pédophages. A tout prendre, quelle promesse que celle des coffres-forts ? Ils ont la séduction des bijouteries, vitrines clinquantes au-delà des portefeuilles. L'or brille derrière le métal lourd, trésor des cavernes antres des guivres. Ces portes-là ne recèlent que fictions. A tout prendre, ne vaut-il pas mieux ce long couloir obscur ? Derrière soi, la rue vulgaire, les brouhahas ventripotents, les capharnaüms des ambitions insatiables et des égoïsmes rances. A tout prendre, n'est-il pas moins risqué de franchir le seuil froid qui déflore cette vénérable façade pour ensemencer ses paliers ? Une porte, qu'importe si celle-là ne résout pas les rêves étincelants ! Son échancrure entrebâillée a vertu d'espérance.
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