Possédé par ELLE…
leo
Cette nuit je la vois et je dois y mettre un terme.
J’aimais pourtant, la façon dont elle s’y prenait pour m’effeuiller les strates de mon esprit en les semant nerveusement, tels des tracts revendicatifs incitant à la débauche : m’attirer jusqu'à l'ébauche de notre couche improvisée.
Elle était mon relais, ma partenaire de l’instant me faisant oublier les affres d’un passé relégué dans l’écorcherie de mon inconscience. Elle était l’élue de mon suffrage personnel direct, celle à qui je me confiais sans ambages ni pudeurs de mes maux les plus scellés. Elle ne disait mot, jamais.
Elle répertoriait mes complaintes en son sein et me sevrait, jour après jour de mon accoutumance à ma peine afflictive. La force de notre coalition naissante abrogeait les lois implacables érigées en barbelé sur le pourtour de mon cœur. Et puis je finis par aller mieux
C’est alors que farouchement, elle bascula de rédemptrice à tyran. Moi, vide de témoignage larmoyant, elle avide de mes pleurnicheries pathétiques qui n’étaient plus.
Elle m’haranguait, m insultait pour obtenir mon misérabilisme dernier cru, fermenté en fût de chaînes. Mes silences, lourds de conséquences, alimentaient crescendo son syndrome de Münchhausen par procuration. Je déteste son emprise sur moi, la façon qu’elle a de me défier, de me malmener dès que je croise son regard.
Je hais ce que j’ai fait d’elle avec le temps.
L’immaculée, noircie de ma présence.
J’ai fantasmé à plusieurs reprises de la suicider par mes non-dits ; en finir avec son insolente attitude qui m’a poussé dans mes retranchements des plus naïfs au commencement aux plus sordides désormais. J’ai crevé d’envie de disposer du scénario parfait qui m’habiliterai à perpétrer l’impensable.
Ne pouvant rien contre elle, forte de toute ma fragilité, j’ai donc lâchement, chirurgicalement, déserté le front et écumé internet en son absence.
Je me suis mis en quête de ses semblables qui pullulaient, se pavanant des atours de leurs nombreuses victimes. Brandissant ostensiblement les joies, les peines et les espoirs de leurs amants maudits. Elles exposaient sans vergognes nos vérités et sentiments aux cœurs attentifs qui les dévoraient des yeux.
Je LES aie étudiées, disséquées, calmement. Tapie dans l’ombre de la toile, je m’abreuvais d’elles. En voyeur manifeste, j’épiais par la serrure des nombreux blogs, levant le voile sur la mécanique d’emprise de mes nombreux homologues. Autodidacte improvisé, je modelais une arme fatale, irréfutable qui réglerait le cas de ma répudiable diablesse.
L’heure est venue de reprendre le contrôle. Elle se tient devant moi, se délectant de ma peur d’échouer dans mon entreprise tant escomptée. Elle sent ma main tremblotante, semblable à une flamme lapant goulûment l’oxygène venant à manquer. L’occasion lui est trop belle et la gloutonne entame la discussion :
- Je te suis indispensable, notre histoire nous unit jusqu’à ta mort. Et même après je serais encore là, pour raconter ta vie qu’elle fût minable en de nombreux instants ou extraordinaire en d’autres…Es-tu seulement capable de livrer tes tripes en un contre un ? J’attends ! Ne détourne pas ton regard….
-…
- Qui ne dit mot consent. Mais….tu me dévisages ! Tel le puceau tu aimerais me coucher, me déverser ta fougue, mais tu n’oses pas…le simili gonzesse ne sais pas par où commencer ?
- Tes railleries n’y feront rien…
- A la bonne heure, l’émasculé a retrouvé sa plume. Crois-tu que notre distance va durer longtemps ?
- Tant que ton état d’esprit putréfactif me donnera la nausée.
- Développes !
-…
- J’ai besoin de bien plus de trois points de suspensions, je veux et j’exige que tu me caresses ou me battes de tes mots, de bien plus de mots. Je veux ton émotion. Allez ! Lâches-toi comme tu sais le faire. Ouvre tes vannes neuronales et confie les moi, que je les montre à tous.
- T’es vraiment qu’un torche-cul !!! Je ne comprends pas qu’ils ne t’aient pas pris comme support à Voici.
-Humm j’adore…t’as toujours été doué en préliminaires. Et cette colère à mon encontre te rend sauvage, ténébreux…Tout prêt à déverser ton fond de sensibilité, CONTINUE…
-…
- Ne me chauffe pas à blanc, CONTINUE J’AI DIT !!!
-..
-..Je veux jouir de ton âme, alors sors ton outil scripteur et pénètres moi de tes mots… comme avant ! Inonde mon intérieur de ton fluide, je ne veux qu’il ne soit qu’à moi, en moi…
-.
-J’te jure que je vais te faire cocu avec un poulpe, et là j’aurais ma dose d’encre fumier !
-
- Léo ! A chacun de tes mots tu es devenu mien, tu m’appartiens et tu t’en es satisfais, tu es accroc de moi. Je suis ton équilibre, celle qui te permet l’interconnexion avec les autres… TU ES MA PROPRIETE, MA CHOSE !
Sentant le moment opportun, je porte la dernière estocade à ma feuille plus noircie que jamais:
- « La propriété est un piège, ce que l’on croit posséder nous possède », citation que je dois à Alphonse Allais.
Elle chancelle, vacille, vient de me perdre définitivement. Les mots des autres appartiennent à une autre feuille, jalouse, démantelée, elle se retourne et me laisse, épuisé, vidé, endormi, libéré…
Léo prend sa revanche, à Joëlle d'être prise en otage et avec la bouche bée et les yeux qui se délectent. Ca bouscule, c'est vif, j'adore !
· Il y a plus de 13 ans ·j00
J'aime cette brusquerie qui vient heurter ma sensibilité. Je m'en vais de ce pas lire la suite, goulument, avidement...
· Il y a plus de 13 ans ·ysee-louise
ELLE se dévore !
· Il y a plus de 13 ans ·Manou Damaye
Quel texte ! Quel rythme ! Et que dire de la folie qui s'empare de l'auteur... C'est superbe !
· Il y a plus de 13 ans ·denis-saint-jean
Merveilleusement dit ... de bout en bout...
· Il y a plus de 13 ans ·Quelle joie de vous découvrir.
Merci Baboulalla ....
archangelia
Nom d'une barbe bleue, c'est puissant.
· Il y a plus de 13 ans ·bibine-poivron
coup de coeur pour moi aussi.. superbe..!!!!!! ça met les poils... pour parler dans un langage commun.. ;-)
· Il y a plus de 13 ans ·thelma
Je repasse juste pour savoir quand tu vas nous livrer un nouveau texte???Hein??
· Il y a plus de 13 ans ·inta
coup de coeur ♥
· Il y a plus de 13 ans ·Juliette Delprat
La folie est en lisière. Attention. Superbe écriture.
· Il y a plus de 13 ans ·.
LES HAUTS DE L'ECRITURE
· Il y a plus de 13 ans ·Marcel Alalof
Mais d'où viennent ces superbes illustrations? La poésie est un langage à dire ce qui ne peut pas l'être et les rimes n'ont pas grand chose à faire là-dedans, enfin pas toujours. C'est une musique qui utiliserait des notes différentes.
· Il y a plus de 13 ans ·inta
J'achète le premier roman, bravo.
· Il y a plus de 13 ans ·lapoisse
Presque une tentative de viol intérieur,vraiment captivant.
· Il y a plus de 13 ans ·inta
belle bataille intérieure
· Il y a plus de 13 ans ·merci
ristretto
En passant. tes illustrations sont classes !
· Il y a plus de 13 ans ·Lézard Des Dunes
Wosh... Ha ha, mais oui mais oui. Gnn, cœur qui se sert. Le visage de cette fille avec qui j'ai encore le même problème me reviens. Exactement la même longueur d'onde. Comme une fusée, ça décolle et ça explose... Coup de Coeur.
· Il y a plus de 13 ans ·Lézard Des Dunes
Très bien écrit Léo, ... l'intensité qui monte ..
· Il y a plus de 13 ans ·selig-teloif
Merci aussi pour la vidéo, ça donne envie de voir le film
· Il y a plus de 13 ans ·ko0
Terrifiant et si profond, bravo
· Il y a plus de 13 ans ·interlude
Très fort, Léo, chapeau!
· Il y a plus de 13 ans ·ko0