Possédé par ELLE...3

leo

ELLE était sur le flanc, ancrée à ma crique rocheuse, esprit angulaire aiguisé de mes colères souterraines. Mes arêtes, prêtent à l’écorcher vive, ELLE mouillait au large de son cap d'espérances, au plus proche de mes plaies béantes, ravivées par les eaux salées de mes rancœurs. J’étais son IL d’Alcatraz, prison de ses croyances à jamais échouées. ELLE avait eu tort de s’estimer être de ses fameux trésors que tout le monde voudrait retrouver. ELLE s’était crashée dans mon océan de détresse, ma boîte noire, renfermerait nos secrets à jamais. Un trésor équivaut à une histoire, réelle ou fantasmée, ELLE n’était rien de tout cela, ELLE était moi, vide d’histoire ,incroyablement lisse pour être fantasmée, j‘étais à l‘abri, ELLE serait catin aux regards lubriques des autres qui la dénuderaient, pour leur plaisir égoïste et solitaire…

ELLE était dans mes ténèbres depuis plusieurs jours maintenant. Je n’avais laissé pénétrer aucune lueur lui permettant de se positionner dans le temps. Le jour était mort dès lors que ma nuit avait eu raison de lui, gangrenant dans son sillage les pores de sorties. ELLE n’avait plus la notion de l’année, du mois et encore moins du jour, de l’heure qui s’égrenait telle des secondes dans notre geôle intemporelle. ELLE était prête, mûre pour pourrir de mon fond implacable. Mes éclats de rires cancéreux n’obtenaient même plus de ses soubresauts, si excitants, vifs, lascifs ensuite pour n’être plus que chaire, oratoire muette, abandonnée dans le labyrinthe de mes turpitudes, aux échos bannis de toute oreille complaisante.

Je décelais chaque détail dans ce noir qui amincissait ma ligne conductrice, dépourvue de pilote. Je m’approchais et l’humais une dernière fois, ELLE qui suintait ma lâcheté. Son acidité, musc révolté de son instinct de survie, me fît détourner mes parois nasales, griffées du relent inutile de ses supplications. Gerbé de ses obsèques, je vomissais dans la cuvette des chiottes ce trop plein d’ELLE, comme un adieu sans scrupule.

Agenouillé, ma bave émétique s‘écoulait d’un long filament sur lequel descendait en rappel un commando des forces désabusées. Mon vide assourdissant, martelait les pas qui s’approchaient assurés de ma porte coupe-vie. La sonnette retentit, rebondit et secoua mon être…non repenti. Je me relevais, me hissais à hauteur de hobbit. Gourmand de l’offrande qui s’annonçait, je me dirigeais à pas feutré vers la porte insistante. La bobinette avait chu, impatiente de ma venue. J’ouvris la porte et laissa entrer le loup dans ma perdition…

Il connaissait les lieux et me devançait dans la pénombre de l’embrasure que je m’empressais de refermer à double tour. A la façon des plus grands illusionnistes, il claqua des doigts un interrupteur et nous mit en lumière ELLE et moi au centre de notre scène improvisée. Il me dévisageât inquiet, puis avec toute la cruauté qui le caractérisait me gifla de sa sempiternelle attente :

- En es-tu sûr ?

Ma réponse fût renvoyée par mon autre joue qui se refusait à se tendre à son tour dans son intonation biblique :

- Oui, il le faut.

- T’as la gueule de mon cul après quinze jours de chiasses, me lança-t-il amusé…

- Alors me fais pas chier plus, regarde c’est une nouvelle !

- Je vois ça, une de plus, la dernière…

- Après j’arrête, tu me l’as promis.

- Arrache-toi te passer de l’eau sur ta gueule à fuel et laisse moi seul avec elle veux-tu ? Et passe un falzar, tu fais pitié en calebar…

J’inclinais la tête, soumis et m‘exécutais. Je refermais la porte. C’était la dernière fois que je livrais en pâture une compagne, une amie, une pute. Et cette dernière fois m’excitait, je me sentais libéré d’un poids, aussi lourd que ma bite se tendait. Mon égo se chargeait de plaisir à l’idée qu’il la découvrait et la manipulait à ses instincts même les plus réprimés. Qu’il usait d’ELLE comme de moi, gorgeait mon chibre d’un trouble méconnu, Il irradiait d’ambivalence. Je me courbais pour apprécier au travers de la serrure, la prise forcenée de notre maquereau, en tentant d’étouffer mon sexe dans le con de mes cuisses, frigides. Il était penché de toute sa carcasse et la tenait de ses deux mains fermes et avais entamé quelques gloussements sporadiques. Il la retournait frénétiquement, revenait en arrière puis la pilonnait de toute sa puissance jusqu’à laisser échapper un râle qui exprimait la fin de son coït et le début de ma fuite dans la salle de bain.

Sous ma douche , j’entendais me parvenir toute sa satisfaction :

- elle est trop bonne cette garce ?

Je faisais court pour ne pas trahir ma situation expiatoire dans laquelle j’y mettais vraiment beaucoup d’ardeur.

- Vraiment ?

- Ooohh oui, je me la suis retapée plusieurs fois même !!!

- Aannnnhhh !!!

-quoi ???

- c’est trooop booon !!!

- Tu m‘étonnes !!! Te voilà enfin libéré de cette dépravée !!! J’te l’embarque et t’appelle, à plus…

Quelque mois après, ELLE et les autres avaient été vendues au plus offrant. On leur avait tatoué un code barre au derrière et chaque bip équivalait à une passe qui m'enrichissait. Chacun s’employait avec ELLES comme il le désirait. Certains et certaines humectaient leur doigt avant de les effeuiller et les déposaient repues à plat ventre toutes écartées. D’autres dans leurs vices, leurs incéraient un attribut entre les cuisses pour les reprendre là ou ils s’étaient arrêtés. Tous les consommaient et les faisaient tourner à d’autres encore…

Si bien que mon éditeur m’appela :

- Qu’est-ce tu veux vieux salopard ?

- Tu le sais bien, j’en veux d’autres de tes nouvelles…

- T’as qu’à aller sur WeLoveWords y’en a plein qui font le tapin et qui les valent bien , pour moi c’est terminé. Je raccrochais sachant que ce que j'avais fait d'ELLES... n'avait pas de mots suffisant pour que j'obtienne un jour leur pardon.

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