Pour le meilleur...

Ecrire, écrire, écrire, inventer des phrases, les vivre pour de vrai, vers quel monde aller, le mien, le leur, les deux mon capitaine! Ecrire dans l'urgence d'une idée, d'une fin de vie, d'une amie qu'on perd* et qu'on retrouve dans des rêves flous comme une photo ratée. On a tous eu envie d'être connu, célèbre, est-ce que je me trompe? Envie d'être reconnu, au bas d'une carte postale mettre son nom, c'est moi qui l'ai faite, veut-on dire, mais parfois les mots ne sortent pas et on reste muet face à son destin, trop grand pour nous, trop mystérieux. Ecrire un voeu sur un papier qu'on chiffonne, qu'on voudrait déchirer, mais non, se donner une chance encore de le réaliser, et s'il ne se réalise pas, vivre encore. Passer à autre chose, suivre un fil, une continuité, son chemin, parfois tortueux, parfois doux comme un drap de soie. Quand les fils s'emmêlent, quand tout se tortille, prendre une gomme et tout effacer on voudrait. Mais on n'efface pas sa vie, elle résiste, elle persiste comme un nom gravé sur la pierre, un coeur traversé d'une flèche. On voudrait peut-être lire le livre de sa vie, tourner la fameuse page qui nous fait passer à autre chose. Et vivre encore. Ce livre-là c'est nous qui l'écrivons avec nos souvenirs, nos photos en noir et blanc ou en couleur, nos émotions, notre pudeur aussi. La mémoire fait ce qu'elle veut, on la maudit pour ces mauvais souvenirs qui traînent encore vingt ans après ou on la remercie d'avoir gardé le meilleur, le meilleur. Tout ne s'arrête pas là, tout ne s'arrête pas là.

Choisir d'arrêter un texte là où l'on veut. Pour un meilleur départ, un meilleur départ.

*Je parle de perte dans le sens de la perte d'amitié.