premier homme sur la terre

rechab

Si j'étais le premier homme
à marcher sur la terre,
– venant d'une autre planète – ,
je progresserais avec prudence,
sur les berges sablonneuses,

laissant des traces  en creux.

       Je m'enfoncerai dans les forêts tropicales,
où le soleil n'y pénètre
que par effraction,
          j'apprivoiserai les animaux,
qui m'accueilleront sans méfiance,
comme si j'étais des leurs :

un peu étrange, sur ses deux pattes,
         le cœur presque à nu,
et ma mémoire cousue de fil blanc,
essayant de se faire comprendre
         par des mimiques
trahissant mes pensées.

     Je n'aurais pas la pupille dilatée
du fauve de service,
je viendrai sans arme:
( personne ne les aurait inventées) , 
et avec les meilleures intentions .

Je me guide aux phrases de la lune :
elle, au moins, me comprend .
        Je lui parlerai le soir,
lorsque le soleil s'éteindra .
Il reparaîtra le lendemain,
d'un autre côté .

Il étire les ombres ou les rétrécit,
comme avec des élastiques.
        Cela semble être un jeu
dont jamais il ne se lasse
montant et descendant
tel un yoyo,    au-dessus de l'horizon.

Il y a un seul astre ici.
Il règne,     sans partage
et semble très écouté .
Sa caresse varie,       de tiédeur
en brûlure , rythmée par le jour
qui se déplie .

        C'est sa façon d'être :
çà remplace le langage,
et les plantes le comprennent:
elles se sont multipliées
au point de couvrir
la plupart des endroits.

       C'est une planète verte
avec de grands lacs,
que l'on nommera océans:
         la vie a l'air moins rude
qu'ailleurs en galaxie.

        J'indiquerai ça,
dans mon compte-rendu ,
devant rendre mon rapport sous quinzaine.
       Je parie que bientôt
une équipe d'explorateurs
prendra ma relève.

        Il ne serait pas impossible
qu'ils s'établissent ici,
avec leur petite famille, en villégiature .
       S'ils construisent un village
il y aura peut-être même
une place à mon nom .


RC

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