Premières amours (suite)

aile68

Laurent n'a d'yeux que pour elle. Suspendue à l'arbre comme lui, la tête en bas au-dessus des pommes, il ne voit pas que je l'aime. Les filles de la ferme sont bien jolies, mais moi je ne suis pas laide. Il y a tant de choses que j'aimerais lui dire moi aussi, le chant des oiseaux et des abeilles, je connais comme lui le mouvement de l'océan sur la plage et le tracé des étoiles. Mais ça il ne le sait pas, il ne voit qu'elle, il ne parle que d'elle. Le grand Christophe je vais lui dire qu'Alicia l'aime, comme ça il se réveillera ce benêt! C'est vrai quoi, pourquoi lui prête-t-il tous ses livres? Si lui et Alicia pouvaient vraiment s'aimer ! J'aurais le champ libre je crois... A moins que Laurent ne veuille les séparer. On dirait une pièce de théâtre cette histoire, comme celle de l'Anglais là. Je t'aime, tu l'aimes, elle ne t'aime pas. Tu parles de grandes vacances! Nous jouons un drôle de jeu. Laurent et moi sommes malheureux, Alicia fait la roue, on se demande pourquoi, Christophe ne voit rien. Je serais prête à faire des potions magiques pour attirer celui que j'aime, j'irai demain chez la vieille Marie, elle connaît des remèdes infaillibles pour que deux personnes tombent amoureuses l'une de l'autre. Je deviens méchante, mais moi je l'aime trop. Je vois bien que Laurent n'a en tête qu'Alicia! Quand je lui parle, il fait semblant de m'écouter, l'autre jour dans la mare aux canards, il a voulu lui caresser les cheveux en cachette. Rien ne m'échappe! L'Anglais là aurait pu l'écrire cette pièce sur nous quatre. Enfin Christophe ne compte pas vraiment...

(à suivre...)

Signaler ce texte