Prologue

Laurolay

Marine est une jeune fille intelligente recherchant avec espoir son amie disparue, Marie-Jeanne. Et si elle était plus impliquée qu'elle le croit dans cette mystérieuse et soudaine disparition ?

5 août 2012 

Une douce brise vient caresser ma peau, l'odeur salée du grand océan Atlantique me vint aux narines, cela m'apaise autant qu'une douce mélodie. Je suis assise sur le rebord d'un petit muret, à mes côtés, Marie-Jeanne, mon amie, ma sœur... Ma meilleure amie. Elle fixe le large, un époustouflant sourire illumine son visage, ses pupilles brillent avec passion, elle pose ses deux mains sur les côtés et balance ses jambes de bas en haut. Je la regarde, elle est incroyable cette fille... Elle est spéciale, belle, gentille, drôle et populaire, je ne sais pas comment elle fait. Je n'ai jamais réussi à être comme elle, elle est mon exemple... Elle est fabuleuse !

« Merci de m'avoir accompagné ici Marine, c'est fabuleux l'océan ! Dit, on pourra revenir ici un jour ? Dit oui s'il te plaît ! »

Je ricane légèrement. Je pivote mon visage vers le gouffre d'eau salé et hoche la tête en murmurant un petit « oui » presque inaudible. Je me régale du paysage ici, normalement, c'est quotidien pour moi, je vois ça tous les jours, j'en étais même lassée à un moment. Mais Marie, elle, elle a su me refaire sentir cette sensation au creux du ventre quand j'entends le bruit des vagues s'écrasant contre le sable. Elle me fait ressentir toutes sortes d'émotions, elle est spectaculaire comme fille, elle n'a que treize ans, mais elle est si mature, si compréhensive. Autrefois, j'étais plutôt indifférente face à elle, c'était une personne comme les autres, une fille parmi tant d'autres. Mais quand j'étais seule, désespérée, elle m'a aidé, non pas par pitié mais par pure bonté... 

Il y a deux ans

C'était il y a deux ans, je n'avais que onze ans, une petite gamine immature mais surtout seule. Depuis toujours j'étais rejetée, au début, les gens s'intéressaient à moi pour mes compétences intellectuelles épatantes, mais ils ne cherchaient qu'à utiliser ses dons pour eux, tels des égoïstes ils ont voulu m'arracher des mains ce que j'avais semé, ce que j'avais pu avoir de mes propres moyens. Je n'étais pas un génie, je ne le suis sûrement pas, même si mes parents me répétaient à chaque fois que j'étais un miracle... J'étais là, seule, assise par terre, mangeant son petit casse-croûte soigneusement préparé par ma tendre mère, elle me l'avait emballé avec perfection dans un papier aluminium et l'avait glissé dans un tupperware en plastique rose bonbon. Mais les gens étaient jaloux, perfides et méchants, à cet âge nous ne faisons pas bien attention à nos gestes et paroles, nous ne savions pas l'impacte que ça pourrait avoir sur les autres personnes. Nous n'étions pas assez grand pour le savoir, encore trop naïfs. 

Des petites filles, trois. L'une brune à gauche, cheveux longs, yeux émeraudes. L'autre rousse, cheveux en chignon et les yeux marrons comme les feuilles d'automne. Et la dernière, blonde, cheveux bien plus longs et soyeux que celle de gauche, les yeux d'un bleu océan magnifique, je me rappelle seulement de son prénom à elle, Rachel. Elle était assez peste, une petite fille comme les autres, gamine, pas mature, c'était normal à cette époque d'être une chipie, mais pas à son stade... Elle n'avait aucun respect, elle était purement et simplement méchante, harceleuse... Elle s'en prenait quelques fois à moi, oui, elle ne m'aimait pas, vraiment pas. J'étais meilleure qu'elle, depuis toujours, elle n'a jamais réussi à m'aimer... Je me rappelle d'un de nos rares dialogues, lors d'une sortie en camping avec l'école en cm1... 

  « Marine, tu as de la chance que j'arrive à te supporter, car je ne t'aime pas du tout, je pense que tu le sais déjà ça non ? Tu es toujours seule de toutes manières, je ne risque pas de représailles ! »   

Et j'avais tout simplement répondu, d'un ton calme, fermant soigneusement l'ouvrage que j'étais en train de lire, il se prénommait "Soleil Couchant" l'histoire d'un homme battu par sa femme, ça changeait des clichés... Ou de la réalité ? Bref, j'en étais donc à dire :

 « Tu es bien clémente, ma chère, moi je te déteste. Je n'ai certainement pas peur de toi, Rachel. »   

J'ai ressenti une violente douleur, sa main entra en contact avec ma joue, lui donnant une couleur rosée. Mon coeur se serra. Je baissa la tête, minable et pitoyable. J'acceptais. J'avais laissé cette fille me dominer. Elle me tirait les cheveux, me jeta dans la boue et partit en rigolant. J'étais vraiment minable, vraiment... Je le sais, ce n'était peut-être pas de ma faute, mais je ne faisais rien pour arranger cette situation. Je ne voulais pas en parler, ayant honte, ayant peur d'être vu comme une faiblarde par les professeurs ou par mes parents. J'étais seule. Réellement seule. C'était horrible.

Ce fut Roxane, la déléguée, qui s'interposa une fois dans une des disputes, elle avait prit ma défense par obligation, elle n'en avait que faire de moi. Ce ne fut donc pas une libération... Elle avait pitié, sûrement. 

Mais un jour, alors qu'elle me frappait encore, me jetant comme une chaussette à terre, je m'étais relevée. Elle me donna une méchante baffe, je ne pu rien faire, j'étais paralysée par la peur, pétrifiée par la solitude qui me rongeait. Puis, elle arriva. Un éclair jaune s'interposa et poussa violemment la blonde au sol, prenant ma défense avec un grand sourire. Elle avait dit, d'une voix menaçante mais totalement sarcastique :

  « Eh Rachel, tu ferais mieux d'y aller, mon poing est prêt si jamais tu t'approches encore. Tu es minable sincèrement, je tape pas les faibles de base... Désolée pour ton joli petit minois, mais cette fille, tu vas l'a laisser, sinon tu auras à faire à moi et à la famille Laynter. »   

MJ.L... Marie-Jeanne Laynter, la fille de François Laynter, un juge puissant et reconnu dans tout le pays. Il est impressionnant. Je n'étais pas reconnaissante envers Marie au début, vraiment pas, je pensais qu'elle faisait ça par pitié, mais non, c'était de la réelle amitié... Et je l'ai appris plus tard. 

A présent...

  « T'es mon coup de foudre d'amitié, Marie-Jeanne Laynter... Je t'adore mon petit alien »   

Elle rigola et répondit simplement :

  « Moi aussi mon arlequin »   

Et le lendemain, elle disparue, aucune trace, aucune nouvelle. Rien.

Elle avait complètement disparue. 

Signaler ce texte